Phobie sociale et amitiés

[LudmiA]

Bon. Après des jours et des semaines à tergiverser j'ouvre un sujet pour parler de ce qui me "pourrit" la vie depuis mes 8/10 ans.
Ceci me touche trop pour que je sois objective et que je dise le fond de ma pensée tout à trac en un seul message, donc si ça ne vous dérange pas, je commence par ce petit mot-ci, et si j'ai le courage (et selon vos réponses), le reste suivra.

Je vais être claire et directe : je n'ai pas d'amis. J'ai eu quelques potes au début de ma carrière d'artiste, deux/trois bonnes copines durant mes études, et je suis restée proche d'un ex'. Mais objectivement, je suis seule, depuis toujours et j'ai peur que ça ne change pas. Mon compagnon est mon seul confident...mais, non que je m'auto-censure avec lui, ce n'est pas pareil que de se confier à un ami disons plus "neutre". Je m'entends bien avec ses amis à lui, mais je ne suis pas plus proche d'eux pour autant. Ajoutez à cela qu'à cause de moi il les fréquente moins qu'avant, car ça le peine un peu de me laisser seule dans mon coin.

Je ne sais pas adresser la parole aux gens (et pourtant je suis prof' d'art haha), je ne sais pas parler de moi à ceux qui me demandent ce que je vis/ressens (pourtant je suis bavarde ici je trouve), j'ai un peu peur de sortir de ma maison de toute façon (il m'arrive de ne pas la quitter pendant 15 jours d'affilée - les joies de bosser essentiellement à domicile), je n'aime pas les fêtes, quand quelqu'un est gentil avec moi je me méfie, et globalement je ne sais pas comment "nouer des relations".

Voilou. Je...ne sais que dire d'autre pour l'instant.
J'aimerais que ce soit plus simple, prendre les choses en main, mais chaque année qui passe me semble aggraver le phénomène (je suis encore plus solitaire qu'à mes 25 ans, pire encore qu'à mes 20 ans etc...).
La plupart du temps je le vis bien.
Et des fois, ça me pèse tellement qu'il faut que j'en parle.

Je vous en parle ce soir.

[Chanterelle]

Mais qu'est ce qu'un ami ?

[LudmiA]

Je suppose, quelqu'un avec qui le "débat" va au-delà de "tiens il fait beau aujourd'hui", et "hoooo ce pull te va bien". Quelqu'un qui ne fait pas que parler de lui mais t'écoute aussi un peu des fois. Quelqu'un que tu as envie de voir de temps en temps, et qui te donne un peu le sourire. Une personne sur qui compter quand ça va bien autant que quand ça va moins bien. Une valeur sûre qui peut te mettre les points sur les I puis t'offrir une bière pour faire passer le tout. Quelqu'un qui t'aime et que tu aimes, mais avec qui tu n'es pas obligé de partager ton lit. Tout ça et d'autres choses que j'imagine ou n'ai connu que très peu.
...
ps : j'ai mal au bide rien que de me relire...hum...bonjour l'angoisse.

[Desmodromique]

Je ne sais pas trop quoi dire, sinon que ton témoignage me parle. J'ai pourtant des potes (le milieu de la moto favorise énormément les rencontres) et une petite poignée d'amis, mais je me sens souvent "loup solitaire". Quand je vois les potes, j'ai même parfois l'impression d'être "à côté" de l'ambiance, distante. J'aime cette solitude, mais parfois aussi elle me pèse.

[Blue]

J'ai l'impression de lire ma vie, cette partie de ma vie...

J'ai *une* véritable amie, une personne avec qui je peux tout partager sans jamais aucun jugement. On sera sûrement amies à vie (du moins je l'espère si je n'oublie pas d'entretenir ce lien - l'inviter, faire des trucs ensemble ; hélas je ne suis pas douée pour ça, heureusement elle s'en fout et on peut ne pas se parler pendant des semaines sans problème)

Une. Parce qu'elle est venue vers moi, m'a apprivoisée. Pourtant on est loin d'être tout le temps collées ensemble. Mais je sais qu'elle sera toujours là pour moi.



Je crois LudmiA que tu es sûrement une amie exceptionnelle, et que c'est facile d'être ton amie, mais que c'est difficile de le devenir.

Pour se faire un ami il faut laisser entrer quelqu'un dans son âme, et pour peu qu'on soit écorché vif, c'est très, très, très ! difficile.

[Matisse]

Je te comprends et je sais qu'il est difficile d'en parler. J'ai aussi très peu d'amis et c'est sans doute pourquoi j'ai passé tant de temps sur ce site. Je fuis bon nombre de situations sociales classique car je me sens "hors normes", je m'y ennuie ou je ne m'y sens pas à ma place...et à la fois j'en suis triste car cela me fait aussi souffrir en corolaire évidemment.
Bon j'ai pas envie de tout déballer ici mais si tu veux en MP.

Et même si ça n'est pas quelque chose de positif en soi, ça fait du bien de ne pas se sentir "seule" dans ce cas!

[Achilléa]

Je pense qu'une fois encore le dicton "il faut forger pour devenir forgeron" est de mise. C'est en rencontrant des gens qu'on arrive à sociabiliser. En se forçant au départ. Pourquoi pas envoyer un message au sujet "lyonnaises, lyonnais êtes vous là?". Après il faut laisser faire les choses, les infinités... Surement plus facile à dire qu'à faire, je conçois.

et +1 Avec Blue

[Matisse]

Achillea pragmatique!
elle est formidable !

Ce qui est sûr est qu'il faut forcer les choses à changer pour ne pas laisser continuer ce cercle vicieux qui s'est installé, c'est un combat de tous les jours et petit à petit j'arrive à m'en sortir alors que je pensais ne plus pouvoir.

[Tendre Nounours]

Cela me parle LudmiA, peut-être que je préfère écouter, contempler, peut-être aussi une impression de ne pas avoir à dire quelque chose d'intéressant et parler de la pluie et du beau temps me gonfle prodigieusement

[LudmiA]

Vous me touchez tous beaucoup.
Je vais réfléchir à vos petits mots et faire le point. Écrire des messages, essayer de comprendre.
Merci infiniment.
Je

[FTQ]

Ce que tu as écrit LudmiA m'interpelle car je suis un peu (beaucoup ?) comme toi.
En ce qui me concerne, en plus d'être plutôt replié sur moi-même (sauf sur ce forum ), je pense avoir été trop déçu par des relations que je croyais amicales.
Trop exigent ? peut-être...
Probablement trop différent aussi pour se sentir complétement bien en présence des autres. Du coup, je limite souvent de manière plus ou moins inconsciente la "profondeur" des relations avec autrui et je suis "victime" de cette attitude puisque j'en souffre aussi parfois. Relations qui, de toute manière, me paraitront presque à coup sûr superficielles. Et confirmées par beaucoup de conversations que j'entends autour de moi.
Ce qui me touche particulièrement dans notre société, et qui est souvent le centre de mes conversations, laisse souvent les gens indifférents ou complétement inconscients...
Bien sûr, je connais mes faiblesses en terme de relations humaines.
Mais, ayant vécu en Amérique latine, il m'a semblé que les barrières entre les personnes n'étaient pas aussi épaisses qu'ici et que les gens s'ouvraient plus facilement aux autres et discutaient plus facilement aussi de tout ce qu'ils ressentaient, ce qui n'exclue pas totalement non plus l'hypocrisie relationnelle qui règne parfois avec force dans notre pays. Bien sûr, à plus de dix-mille kilomètres de chez soi, on gagne en "exotisme", donc en intérêt... Pas sûr en tout cas que la réciproque existe en France.
Ta définition de l'amitié est également la mienne et, selon celle-ci, je n'ai pas le sentiment d'avoir de véritables amis, mais uniquement des relations qui, aussi bonnes soient-elles, n'en restent pas moins assez superficielles.

C'est peut-être mieux ainsi, mais probablement non également.

En tout cas, si tu souhaites en discuter, tu es la bienvenue. Bon courage et

[Siman]

heuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu bah mince alors! ce sentiment est-il de plus en plus répandu dans un monde ou trône l'individualisme ? en tout cas je me retrouve pas mal voire trop dans vos propos et je suis d'accord sur le fait qu'il faut sortir et voir un max de monde, et là commencera l'écrémage pour en tirer l'ivraie. ouais je sais, c'est facile à dire ,...
a t on peur de saouler les gens ? de ne pas être intéressant pour les autres ? c'est en tout cas ce que j'éprouve même si petit à petit ( tout petit d'ailleurs ) j'y arrive mais c'est dur.
et plus on a "d'amis" plus on s’aperçoit que la majorité est là pour de mauvaises excuses.

[Nico_1]

Ah l’amitié, un seul mot pour tellement de définitions possibles …

Je me reconnais aussi beaucoup dans ton témoignage. Il y a quelques personnes avec lesquelles je m’entends assez bien mais que je vois rarement, quant à une amitié réelle, profonde et sincère je pense en avoir une mais elle est quand même assez récente. J’espère pouvoir la conserver, en tout cas j’essaie de tout faire pour.

Pour le reste des gens que j’ai connus, il y eu beaucoup « d’amis de passage » non pas liés par un réel sentiment mais plutôt par un concours de circonstances qui a fait que l’on s’est côtoyé, comme le simple fait d’être sur le même banc à l’école.

Il y a à peu près deux d’ici je croyais encore naïvement que j’avais plusieurs amis, jusqu’à ce que je fasse quelques choix d’ordre strictement privés (qui n’avaient absolument rien à voir avec ma bisexualité que tout le monde ignorait à l’époque) et qui ne semblaient tout simplement pas convenir aux autres. Du coup j’ai gratté un peu la surface et c’est presque tout un monde qui s’est effondré autour de moi. J’étais déjà assez esseulé, mais là je suis presque passé à ermite…

Il y a quelques temps, j’ai fait un énorme travail sur moi pour m’ouvrir plus aux autres et essayer de prendre confiance en moi. Il y a encore beaucoup de travail à faire et je sais que des échecs et des coups durs je vais devoir encore en encaisser quelques uns… Mais je me suis aussi rendu compte que si je ne faisais pas cet effort là je finirais vraiment seul une fois pour toute, et cette seule idée me faisait horreur !

Maintenant, même si mes relations sociales sont encore assez limitées, elles se sont quand même améliorées petit à petit. J’ai encore des moments de solitude extrême (heureusement le forum est là !), et ma situation d’éternel célibataire est très difficile à vivre mais j’ai repris foi en l’avenir.

Tout ce que je puis te dire c’est d’essayer de faire pareil, te forcer à t’ouvrir aux autres et reprendre confiance en toi. Ce ne sera probablement pas un parcours facile (bien que l’on puisse parfois être surpris), mais au final tu seras certainement fière de toi !

Et puis avec le recul, ce dont je me rends compte c’est que ce sont des gens comme nous, avec des parcours difficiles (pas forcément liés à la sexualité) qui finissent par se forger une force intérieure qui n’est pas si commune que ça chez les gens qui se disent « normaux ». Ces mêmes gens que l’on envie parfois, voire souvent pour leur si grande facilité dans la vie, mais dont la vie justement n’est au final pas vraiment intéressante et encore moins enrichissante.

Je suis certain que ça finira par aller mieux pour toi, mais je ne terminerai pas ce petit mot sans te souhaiter bon courage !

(ben mince alors, j'ai encore pondu un roman, ça devient une manie).

[Duendecilla]

deja parce que je sais que se sentir isoler, c'est très difficile.

Comme FTQ, j'ai pas mal vécu en Amérique latine et oui l'échange est plus facile. Le simple fait que les gens te disent "bonjour" quand ils te croisent, ça change profondément les rapports humains.

Personnellement, je peux être très très réservée, m'enfermer dans ma bulle, ne pas sortir de chez moi ou ne parler à personne pendant plusieurs jours. Mais moi aussi, ça me bouffait parce que je sentais que je m’empêchais beaucoup de choses, de relations, d'être moi dans ma facette (bout en train) que je suis avec les personnes avec qui je me sens bien (ma famille, mon mec, ma fille, mes meilleurs amis).
Alors, je me fais violence et ça marche pas trop mal.

Mais c'est vrai qu'il est difficile d'avoir des "amis" comme tu l'entends. Personnellement, je crois que j'en n'ai qu'un, mon meilleur ami. Mais je le perçois comme mon ame-soeur. Je sais que j'ai beaucoup de chance de l'avoir. j'ai aussi beaucoup de personnes avec suis je partage des choses très personnelles, mais je pense que ça a beaucoup de lien avec mon nouveau travail (ce qui n'était pas du tout le cas dans la recherche scientifique où il ne faut pas montrer tes sentiments ou tes faiblesses).

J'espère que tu trouveras un moyen de te sentir mieux dans ces moments difficiles.

[Siman]

j'ai lu "confiance en soi", est-ce que ça jouerait pas aussi dans le fait que les gens soient seuls ?
je sens que beaucoup de monde va participer à ce sujet
et je sens que tout le monde va s'aider et aider les autres par la même