Dans d'autres un peu moins, ou avec des nuances.
La maîtresse de moyenne section qui voulait me faire interner parce qu'une enfant de 4 ans et demi, ça ne passe pas ses journées à lire et à faire du calcul au lieu de jouer avec ses petits camarades.
La maîtresse de CM1 qui me détestait et me punissait souvent parce que je posais des questions et que je me levais pour consulter des encyclopédies au fond de la classe alors que les autres enfants planchaient sur leurs exercices, sous prétexte que ça faisait désordre d'être indépendant.
Mon meilleur ami et presque petit ami âgé de 14 ans alors que j'en avais 11, avec qui j'installais des alarmes que nous avions bricolées à l'ouverture les portes et les tiroirs pour vérifier qui les autres membres de la communauté* (*mouvement religieux catholique à dérive sectaire) où nous vivions ne fouillaient pas dans nos affaires.
La solitude, la détresse même, au collège quand nous avons déménagé et que j'étais si différente... Le test psycho à l'école qui dit peu ou prou "élève brillante, très créative, esprit logique, mais problème d'intégration, communication, comportement ingérable".
La décision, à 13 ans, de faire comme si j'étais "normale", essayer de tout saborder, rentrer dans le moule, dans la masse. Et ne pas y arriver. Être en tête de classe malgré tout, malgré la pauvreté, malgré le manque de temps, malgré les brimades, malgré la dépression.
Trouver enfin des ami-es au Lycée, me rendre compte qu'elles n'en étaient pas. Être forcée de faire une section puis des études que je n'aimais pas, mais réussir quand même.
Rester, toujours, envers et contre tout, l'autre.
Avoir la pression parce qu'on attend toujours de moi le maximum, les parents, les professeurs, les directeurs de recherche, les amoureux même, alors que j'aurais préféré être ailleurs, voyager, visiter l'Angleterre, choisir ma vie, et même la rater.
Puis l'âge adulte, où je veux rattraper le temps perdu à être un gentil toutou savant qui demande l'autorisation d'aboyer. Et me rendre compte qu'il est peut-être trop tard, que trop de chemin a été parcouru, que j'ai pris trop de mauvaises habitudes, vissées au cœur et au corps.
Mais aussi que je ne peux pas garder de regrets et qu'il faut juste continuer d'aller de l'avant.
Trouver sa voie malgré tout, vivre, aimer, rire.
Au cœur de tout ça, comme toi Titsouribi, la prise de conscience d'une orientation qui était somme toute une évidence. Seul lien avec les mots susdits : une certaine habitude à la bizarrerie, et surtout un travail d'introspection permanent, doublé d'une remise en question méthodique de tout ce qui me traverse le cerveau.
Ainsi, être pansexuelle et polyamoureuse m’apparaît rapidement comme quelque chose d’extrêmement simple, naturel, qui va de soi compte tenu de qui je suis.
Mais je me garderais bien de tisser des liens malvenus entre LGBTIQ* et douance.
Il me semble l'avoir déjà écrit plus avant dans ce sujet : les personnes LGBTIQ* sont des êtres humains comme les autres. Il y a par conséquent des méchants et des gentils, des idiots et des génies, des personnes aimantes et d'autres haineuses, des drôles et des tristes, autant de grands que de petits. Des gens somme toute ordinaires.
Et en y réfléchissant bien, contrairement à l'hypothèse que j'avais émise alors, il me semble même que la douance représente un léger frein à l'épanouissement et la découverte de soi. Les pieds empêtrés dans les méandres de nos méninges, nous sommes sans doute moins prompts à nous jeter à l'eau avec un haussement d'épaules.
Doués...mais souvent bien bêtas.
Viens donc, je préparerai un chocolat chaud et nous rirons avec la morve au nez.Permettez que je m'assoie autours du feu un petit moment ?