ex gay neo bi... Un de plus
Posté : 16 déc 2020 00:11
Hello Toulmonde, tout d’abord je vous remercie grandement de donner vie à ce forum. Lire vos histoires a accompagné ma mue entamée il y a plusieurs années - et loin d’être terminée.
Je suis un ex gay qui s’est découvert bi «sur le tard», avec le lot de questions que ça provoque. J’ai cherché autant de récits que possibles de gens qui avaient vécu cela. C’est d’ailleurs ainsi que google m’a amené sur ce forum la première fois. Aujourd’hui que j’ai un peu avancé dans ma quête, j’écris mon parcours en espérant qu’il puisse être utile à quelqu’un.e. Je l’écris aussi pour mettre de l’ordre dans mes idées. Pas spécialement de problème à résoudre, donc. Juste une pierre au grand édifice de la «Quête de Soi»
Comme il y a beaucoup d’ordre à mettre, je sépare mon post en deux différents qui vont se suivre:
1- l’Avant : quand j’étais gay… et puis pas tant que ça
2- l’Après: ma première vraie copine, privilège hétéro et complexe d’infériorité
1- l’Avant.
Je suis attiré par les hommes depuis toujours. Aussi loin que je me souvienne. Au point que je n’ai pas considéré la possibilité d’une hétérosexualité, même latente.
Je rencontre mon premier copain vers 19 ans. Suivent plein d’autres histoires plus ou moins brèves, plus ou moins sérieuses. Ma sexualité est «acceptée» sans problème par mes amis, mes collègues, mes frères et soeurs. Seuls mes parents vivent mal la chose : poids de l’éducation et de la religion. Un poids qu’ils m’ont transmis d’ailleurs, et contre lequel je dois lutter intérieurement. Alors que, ironiquement, je n’ai aucun obstacle venant de l’extérieur.
Je sais depuis toujours qu’il y a des homo et des hétéro. Au fil de mes expérience de jeune adulte, je réalise qu’il y a aussi des bi plus ou moins curieux, plus ou moins assumés. D’accord. Cela dit, moi je suis homo. H.O.M.O. Les filles je les trouve belles uniquement sur le plan esthétique.
Alors pourquoi, vers 28 ans, je me mets à penser et à dire que « dans la très improbable hypothèse où je rencontrais une fille super, je ne serais pas contre l’idée de sortir avec » ?
Pourquoi est-ce que, lorsque je rencontre cette fille incroyablement belle, je me sens poussé vers elle ? Pourquoi est-ce que quand elle danse devant moi (oui, elle est danseuse) j’ai un noeud dans le ventre ? Normalement c’est un noeud que je ressens quand je vois un très bel homme pour la première fois, en vrai ou au cinéma. Pourquoi est-ce que quand on s’embrasse au cours d’un jeu mon sexe s’anime ? Pourquoi est-ce que quand j’embrasse d’autres personnes durant le même jeu, c’est beaucoup moins bien ?
Je passe plusieurs jours avec cette sensation étrange que mon inconscient essaie de me dire quelque chose. Quoi exactement ? Aucune idée. Et d’un coup d’un seul, la révélation : cette fille m’a plu. Réellement.
De là, des choses enfouies me reviennent :
- Une fille avec qui j’ai eu une amitié ambigüe au lycée. On était très proches, je trouvais son corps parfait, sa bouche sublime, mais je n’ai pas eu d’émois sexuel conscient.
- Une fille avec qui j’étais très très proche à l’université : elle était très belle, on avait une connexion intellectuelle de fous, je pensais tout le temps à elle. Au point de me dire, pour me moquer de moi-même, que je tombais presqu’amoureux. Mais toujours pas d’émoi sexuel conscient.
- Une fille qui aimait me masser et provoquer des «réactions visibles», que je mettais sur le compte du réflexe mécanique. Il n’était pas question d’émoi sexuel, donc.
- Une fille rencontrée en soirée, qui m’a dragué, m’a plu d’une certaine façon, et à qui je n’ai pas demandé son numéro parce qu’un type est venu se mêler à la conversation : c’était son mec. J’avais bien envie d’aller boire des verres avec elle mais j’ai été gêné par la présence de son copain. Là il y a avait bien un embryon d’émoi sexuel.
A l’évidence, c’est bien une forme bisexualité qui se fait jour ! A presque 30 ans, je découvre que je suis un refoulé. Comme quoi le refoulement ne se fait pas toujours dans le sens que l’on croit…
Partant de là, je me mets à mater les filles dans la rue avec un regard neuf. Je me demande si ça me plairait de coucher avec telle ou telle. Je suis curieux de voir ce que ça fait de toucher un corps comme celui-là. Sauf que moi je suis homo! Je ne sais pas draguer une fille. Je ne sais pas draguer les hommes non plus de toute façon.
Et puis je fais quand même très gay, je ne suis pas crédible à draguer une fille dans un bar, ni sur un site de rencontres hétéro. Et si au lit la mécanique me marchait pas ? Si je paniquais devant un vagin ? Et mon identité homo, j’en fais quoi maintenant ? Et le poids de l’éducation et de la religion que m’ont transmis mes parents, je jette aux ordures tout mon travail pour m’en débarrasser ?!
J’essaie de regarder du porno hétéro pour avoir des réponses. Les images ne m’excitent pas. La façon dont les rapports sont filmés manque de chaleur, les actrices simulent mal le plaisir, les acteurs semblent être des robots, l’esthétique des corps et les choix cosmétiques me paraissent trop artificiels pour être sexy. Pourtant je veux essayer par moi-même. Je dois essayer avec une fille. Au point que je n’en dors plus la nuit. Je parcours internet, les articles, les forums, (merci bisexualité.info), les reportages. Et plus j’en apprends, plus je m’interroge.
Il est temps de passer à l’action. Je n’irai pas dans les bars car je n’ai pas les codes de la drague hétérosexuelle. Je n’irai pas sur meetic et badoo car mon profil y sera trop atypique. Il me faut un endroit où les gens sont habitués à penser en dehors des cadres. Un endroit ou je pourrais tester avec une femme ouverte d’esprit, et idéalement avec un homme en même temps, pour me rassurer et faire les choses de façon progressive.
C’est ainsi que j’arrive sur un site de rencontres spécialisé dans le libertinage. Le genre de choses que je n’aurais jamais cru faire dans ma vie. Or je crois bien arriver au paradis de la libre-pensée : des hommes, des femmes, des trans, des trav, des couples, des homo, des bi, des hétéro, des curieux, des flexibles, des calin.e.s, des hardeu.r/se.s, des sapio, des tout ce que vous imaginez : soyez libre d’avoir l’étiquette qui vous plait ou de n’en avoir aucune. Attention tout de même aux nombreuses étiquettes en "iste", qui pourraient vous donner mal au crâne.
C’est dans ce cadre que je fais mes très timides et angoissés premiers pas avec un couple homme-femme. On ne fait "que" du soft car je ne peux pas davantage. L’expérience est pas mal, sans être révolutionnaire. J’en ressors avec l’intuition que je suis sur la bonne voie, malgré mes limites. Avec le temps, je rencontre d’autres couples, puis une femme seule. Toujours dans mes limites. Et plein plein d’hommes seuls aussi, sans beaucoup de limites ...Oh ça va, ils sont là, ils sont sympa, ils sont beaux, tentants, plus disponibles que les autres, comment résister ?
Bref, je vis plein de moments très sympa, mais toujours pas de grande révélation sexuelle.
Et à chaque fois qu'une femme est présente, j’ai l’angoisse de l'instant T : celle de ne pas savoir faire plaisir à une femme. Et la peur de la panne mécanique aussi, qui forcément conduit à… la panne mécanique. Je suis de nature très cérébrale. Pendant l’acte avec une femme, mon cerveau est en fusion complète et je n’arrive pas à me relaxer. Avec les conséquences que vous pouvez imaginer.
Néanmoins, j’ai besoin de continuer à expérimenter. J’aime la sensation encourageante d’avoir rompu des entraves mentales. Je sens que je me rapproche de mon vrai moi-même. Je comprends pourquoi je me sentais confusément peu à ma place dans le milieu gay. Pourquoi je ne le fréquentais d'ailleurs plus depuis longtemps. Je réalise que l'étiquette gay avec laquelle je disais être en parfait accord ne me convient pas tant que cela.
Le libertinage, comme son nom l’indique, peut avoir quelque chose libérateur. Mais je sens que ce n’est pas mon univers de prédilection. Notamment parce que le sexe pour le sexe ne m’amuse plus vraiment depuis le milieu de la vingtaine. Blasé, à base de "trop de sexe tue le sexe". Désormais, même sans parler d'amour, je veux que les esprits connectent. Je profite néanmoins de ce que le milieu libertin m’apporte : meilleure connaissance de moi, début de connaissance des femmes, connaissance du large spectre entre 100% homo et 100% hétéro... Je découvre aussi de l’intérieur une expression subtile du patriarcat, bien étonnante pour un univers qui se veut affranchi des codes. Mais là je dérive complètement, c’est un autre sujet.
Je suis un ex gay qui s’est découvert bi «sur le tard», avec le lot de questions que ça provoque. J’ai cherché autant de récits que possibles de gens qui avaient vécu cela. C’est d’ailleurs ainsi que google m’a amené sur ce forum la première fois. Aujourd’hui que j’ai un peu avancé dans ma quête, j’écris mon parcours en espérant qu’il puisse être utile à quelqu’un.e. Je l’écris aussi pour mettre de l’ordre dans mes idées. Pas spécialement de problème à résoudre, donc. Juste une pierre au grand édifice de la «Quête de Soi»
Comme il y a beaucoup d’ordre à mettre, je sépare mon post en deux différents qui vont se suivre:
1- l’Avant : quand j’étais gay… et puis pas tant que ça
2- l’Après: ma première vraie copine, privilège hétéro et complexe d’infériorité
1- l’Avant.
Je suis attiré par les hommes depuis toujours. Aussi loin que je me souvienne. Au point que je n’ai pas considéré la possibilité d’une hétérosexualité, même latente.
Je rencontre mon premier copain vers 19 ans. Suivent plein d’autres histoires plus ou moins brèves, plus ou moins sérieuses. Ma sexualité est «acceptée» sans problème par mes amis, mes collègues, mes frères et soeurs. Seuls mes parents vivent mal la chose : poids de l’éducation et de la religion. Un poids qu’ils m’ont transmis d’ailleurs, et contre lequel je dois lutter intérieurement. Alors que, ironiquement, je n’ai aucun obstacle venant de l’extérieur.
Je sais depuis toujours qu’il y a des homo et des hétéro. Au fil de mes expérience de jeune adulte, je réalise qu’il y a aussi des bi plus ou moins curieux, plus ou moins assumés. D’accord. Cela dit, moi je suis homo. H.O.M.O. Les filles je les trouve belles uniquement sur le plan esthétique.
Alors pourquoi, vers 28 ans, je me mets à penser et à dire que « dans la très improbable hypothèse où je rencontrais une fille super, je ne serais pas contre l’idée de sortir avec » ?
Pourquoi est-ce que, lorsque je rencontre cette fille incroyablement belle, je me sens poussé vers elle ? Pourquoi est-ce que quand elle danse devant moi (oui, elle est danseuse) j’ai un noeud dans le ventre ? Normalement c’est un noeud que je ressens quand je vois un très bel homme pour la première fois, en vrai ou au cinéma. Pourquoi est-ce que quand on s’embrasse au cours d’un jeu mon sexe s’anime ? Pourquoi est-ce que quand j’embrasse d’autres personnes durant le même jeu, c’est beaucoup moins bien ?
Je passe plusieurs jours avec cette sensation étrange que mon inconscient essaie de me dire quelque chose. Quoi exactement ? Aucune idée. Et d’un coup d’un seul, la révélation : cette fille m’a plu. Réellement.
De là, des choses enfouies me reviennent :
- Une fille avec qui j’ai eu une amitié ambigüe au lycée. On était très proches, je trouvais son corps parfait, sa bouche sublime, mais je n’ai pas eu d’émois sexuel conscient.
- Une fille avec qui j’étais très très proche à l’université : elle était très belle, on avait une connexion intellectuelle de fous, je pensais tout le temps à elle. Au point de me dire, pour me moquer de moi-même, que je tombais presqu’amoureux. Mais toujours pas d’émoi sexuel conscient.
- Une fille qui aimait me masser et provoquer des «réactions visibles», que je mettais sur le compte du réflexe mécanique. Il n’était pas question d’émoi sexuel, donc.
- Une fille rencontrée en soirée, qui m’a dragué, m’a plu d’une certaine façon, et à qui je n’ai pas demandé son numéro parce qu’un type est venu se mêler à la conversation : c’était son mec. J’avais bien envie d’aller boire des verres avec elle mais j’ai été gêné par la présence de son copain. Là il y a avait bien un embryon d’émoi sexuel.
A l’évidence, c’est bien une forme bisexualité qui se fait jour ! A presque 30 ans, je découvre que je suis un refoulé. Comme quoi le refoulement ne se fait pas toujours dans le sens que l’on croit…
Partant de là, je me mets à mater les filles dans la rue avec un regard neuf. Je me demande si ça me plairait de coucher avec telle ou telle. Je suis curieux de voir ce que ça fait de toucher un corps comme celui-là. Sauf que moi je suis homo! Je ne sais pas draguer une fille. Je ne sais pas draguer les hommes non plus de toute façon.
Et puis je fais quand même très gay, je ne suis pas crédible à draguer une fille dans un bar, ni sur un site de rencontres hétéro. Et si au lit la mécanique me marchait pas ? Si je paniquais devant un vagin ? Et mon identité homo, j’en fais quoi maintenant ? Et le poids de l’éducation et de la religion que m’ont transmis mes parents, je jette aux ordures tout mon travail pour m’en débarrasser ?!
J’essaie de regarder du porno hétéro pour avoir des réponses. Les images ne m’excitent pas. La façon dont les rapports sont filmés manque de chaleur, les actrices simulent mal le plaisir, les acteurs semblent être des robots, l’esthétique des corps et les choix cosmétiques me paraissent trop artificiels pour être sexy. Pourtant je veux essayer par moi-même. Je dois essayer avec une fille. Au point que je n’en dors plus la nuit. Je parcours internet, les articles, les forums, (merci bisexualité.info), les reportages. Et plus j’en apprends, plus je m’interroge.
Il est temps de passer à l’action. Je n’irai pas dans les bars car je n’ai pas les codes de la drague hétérosexuelle. Je n’irai pas sur meetic et badoo car mon profil y sera trop atypique. Il me faut un endroit où les gens sont habitués à penser en dehors des cadres. Un endroit ou je pourrais tester avec une femme ouverte d’esprit, et idéalement avec un homme en même temps, pour me rassurer et faire les choses de façon progressive.
C’est ainsi que j’arrive sur un site de rencontres spécialisé dans le libertinage. Le genre de choses que je n’aurais jamais cru faire dans ma vie. Or je crois bien arriver au paradis de la libre-pensée : des hommes, des femmes, des trans, des trav, des couples, des homo, des bi, des hétéro, des curieux, des flexibles, des calin.e.s, des hardeu.r/se.s, des sapio, des tout ce que vous imaginez : soyez libre d’avoir l’étiquette qui vous plait ou de n’en avoir aucune. Attention tout de même aux nombreuses étiquettes en "iste", qui pourraient vous donner mal au crâne.
C’est dans ce cadre que je fais mes très timides et angoissés premiers pas avec un couple homme-femme. On ne fait "que" du soft car je ne peux pas davantage. L’expérience est pas mal, sans être révolutionnaire. J’en ressors avec l’intuition que je suis sur la bonne voie, malgré mes limites. Avec le temps, je rencontre d’autres couples, puis une femme seule. Toujours dans mes limites. Et plein plein d’hommes seuls aussi, sans beaucoup de limites ...Oh ça va, ils sont là, ils sont sympa, ils sont beaux, tentants, plus disponibles que les autres, comment résister ?
Bref, je vis plein de moments très sympa, mais toujours pas de grande révélation sexuelle.
Et à chaque fois qu'une femme est présente, j’ai l’angoisse de l'instant T : celle de ne pas savoir faire plaisir à une femme. Et la peur de la panne mécanique aussi, qui forcément conduit à… la panne mécanique. Je suis de nature très cérébrale. Pendant l’acte avec une femme, mon cerveau est en fusion complète et je n’arrive pas à me relaxer. Avec les conséquences que vous pouvez imaginer.
Néanmoins, j’ai besoin de continuer à expérimenter. J’aime la sensation encourageante d’avoir rompu des entraves mentales. Je sens que je me rapproche de mon vrai moi-même. Je comprends pourquoi je me sentais confusément peu à ma place dans le milieu gay. Pourquoi je ne le fréquentais d'ailleurs plus depuis longtemps. Je réalise que l'étiquette gay avec laquelle je disais être en parfait accord ne me convient pas tant que cela.
Le libertinage, comme son nom l’indique, peut avoir quelque chose libérateur. Mais je sens que ce n’est pas mon univers de prédilection. Notamment parce que le sexe pour le sexe ne m’amuse plus vraiment depuis le milieu de la vingtaine. Blasé, à base de "trop de sexe tue le sexe". Désormais, même sans parler d'amour, je veux que les esprits connectent. Je profite néanmoins de ce que le milieu libertin m’apporte : meilleure connaissance de moi, début de connaissance des femmes, connaissance du large spectre entre 100% homo et 100% hétéro... Je découvre aussi de l’intérieur une expression subtile du patriarcat, bien étonnante pour un univers qui se veut affranchi des codes. Mais là je dérive complètement, c’est un autre sujet.