Accepter sa bisexualité pour bien la gérer ?

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cajoline1610
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Accepter sa bisexualité pour bien la gérer ?

Message par cajoline1610 » il y a 2 ans

Bonjour à tous,

Me revoilà sur le forum avec mes questions.
Pensez vous que pour gérer au mieux sa bisexualité, la première étape est de l'accepter ?
Je vais essayer de faire court.
Mon mari est bi, il sait que ça ne partira plus jamais, c'est comme ça.
Il dit qu'il ne l'accepte pas vis à vis de moi, il a honte et culpabilise.
La psy parle d'addiction sexuelle, car quand il part en déplacement il ne peut s'empêcher d'avoir des relations avec des hommes. Car c'est compulsif, irrépressible, répété, envahissant, incontrôlable, qu'elles que soient les conséquences. Ce qui expliquerait pourquoi il n'y arrive et n'a jamais su respecter notre contrat.
Il commence seulement à reconnaître que c'est un besoin pour lui, mais éprouve des difficultés à gérer ce besoin.
C'est un peu comme un boulimique qui pense à manger, qui s'en empêche, et après il craque, fait n'importe quoi et après avoir mangé culpabilise. J'ai l'impression que c'est un cercle vicieux.
Je pense que s'il l'accepetait réellement il gérerait mieux ses envies.
D'après vous je me voile la face ? Ou juste qu'il ne pense qu'à son plaisir sans se soucier du reste ?
Et ce qui n'aide pas je pense, que pour lui avoir des relations avec des hommes ce n'est pas tromper car il n'y a pas de sentiments et ce n'est pas une femme.
J'aimerai l'aider à s'accepter mais je n'y arrive pas et lui n'y arrive pas avec moi à ses côtés. Je pense que c'de parce qu'il sait que je préférais qu'il soit exclusif.
J'ai l'impression de tourner en rond avec mon histoire.
Merci d'avance de vos réponses

Pablobi
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Re: Accepter sa bisexualité pour bien la gérer ?

Message par Pablobi » il y a 2 ans

Bonjour Cajoline.

Je pense qu'il y a deux questions.
- la question de la bisexualité, et on l'est ou on l'est pas, ça ne disparaît pas, même si il y a des moments de libido moins intenses.
- la pratique qu'il a, et ce qui peut effectivement ressembler à une addiction, avec une fuite en avant.

Je me demande si il prend du plaisir dans cette voie là, si la pulsion ne l'emporte pas sur tout le reste, et dans ce cas, ça serait une souffrance.
Peut-être aussi est-ce une peur de tout perdre, et d'être incapable de trouver un juste milieu. Une perte de lucidité en somme.

Maintenant, je comprends aussi les turbulences liées au changement de statut dans le couple. Et je vois quand même malgré tout que le dialogue est essentiel, mais dans le but de renforcer la confiance. Sans confiance, ça me semble difficile de construire.

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Re: Accepter sa bisexualité pour bien la gérer ?

Message par cajoline1610 » il y a 2 ans

merci pablobi pour ces réponses,
Il y prend du plaisir physique, ça c'est sûr, mais ça prend le dessus sur tout, où quand ça lui prend le reste n'existe plus.
il en souffre car il culpabilise vis à vis de moi, il serait célibataire je ne sais pas s'il en souffrirait autant.
Oui il a peur de tout perdre et ne sait pas trouver le juste milieu entre ses envies et sa vie intime avec moi.
Par moment, il me voit comme un frein à vivre sa bisexualité sans limite et sans contrainte, et par moment il ne veut pas tout plaquer pour ça.
nous dialoguons énormément surtout moi qui essaie de lui montrer que c'est un besoin et qu'il arrête de se voiler la face en disant je peux tout arrêter.
j'aimerai qu'il s'accepte, qu'il reconnaisse que ce soit un besoin mais qu'il arrive, pour le bien de notre couple, à gérer ses pulsions.
Que s'il en a besoin et qu'il ressent le manque, alors de m'en parler avant et d'y aller, mais que ce ne soit pas un habitude régulière à chaque fois qu'il parte.
On dirait qu'il y a 2 personnes en lui, sa vie à la maison et sa vie quand il part, mais pour moi c'est la même personne

Pablobi
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Re: Accepter sa bisexualité pour bien la gérer ?

Message par Pablobi » il y a 2 ans

J'ai l'impression qu'il s'agit de quelque chose à apprivoiser, à dompter.

En ce qui me concerne, et je ne pense pas être le seul, je ressens des cycles, avec des moments de désirs forts, qui nourrissent des envies d'émancipation par rapport au couple tradi, alternant avec des phases de désirs plus faibles, où je me dis "bon ok finalement je peux vivre comme ça". Mais dés que le cycle redémarre, ça me rend malheureux de voir que finalement,non je ne ceux pas vivre comme ça.

Peut-être qu'il ne fonctionne pas comme ça, mais sinon, c'est peut-être une piste à explorer pour essayer de mieux maîtriser ça. Et trouver une solution, qui je pense n'existe pas de façon générique.

Je souffre d'un cadre trop stricte, mais j'en respectées limites. J'ai un peu le sentiment que dans ton cas, peu importe les limites que tu poses, il n'en tient pas compte.

Bonsoirbonsoir
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Re: Accepter sa bisexualité pour bien la gérer ?

Message par Bonsoirbonsoir » il y a 2 ans

Bonjour,

D'une certaine manière je me reconnais dans ton histoire Cajoline.
Enfin je reconnais un peu l'homme que j'ai été.

Au final ce n'est pas lié à l'amour, mais l'amour qu'il a pour toi (et que tu as sûrement pour lui) est lié à cette "double " vie.

Je m'explique en utilisant mon histoire, pas pour me faire mousser mais parce que quand je l'ai comprise, beaucoup de chose se sont éclairées et si cette clarté pouvais servir je serais l'homme le plus heureux qui soit.

Il y a deux ans je me suis séparé de ma femme parce qu'à la suite de l'usure de dépressions à répétition notre couple a éclaté quand mon ex-femme s'est rendue compte que je la trompais.
En fait , c'est paradoxal mais moi aussi je l'ai appris en même temps qu'elle.
Je veux dire que j'ai compris que c'est ça qui se passait.

J'avais des relations sexuelles hors de mon couple parce qu' à l'intérieur le désir s'était fort amoindri. Et pour cause, j'étais rongé de l'intérieur.
Je n'ai jamais manqué de désir pour ma femme mais je ne lui présentait pas le meilleur profil.
Par contre en déplacement, pouvoir séduire et me rassurer sur ma capacité à séduire m'était devenu indispensable.
En fait ce n'est pas tant la personne qui comptait que la façon et la raison de faire l'amour.

Que ce soit homme ou femme, ce que je recherchais était double: me rassurer sur ma capacité à faire jouir et à jouir et faire l'amour à la façon des hommes quoi que soit le corps avec qui je partage ces sensations.
C'est dans un livre de Virginie Despentes que j'ai lu avec stupeur et grande satisfaction que les hommes aiment faire l'amour avec des hommes qui auraient un corps de femme. C'est à dire ce qu'on voit dans les films pornos: des femmes qui baisent comme les hommes aiment baiser. Bien sur ce sont des clichés mais il y a du vrai.

Dans mon cas, l'interdit de l'homosexualité vient non seulement de mon éducation formatée sis genre, mais aussi d'épisodes traumatiques.
Avant d'avoir pu recevoir une quelconque "éducation" sexuelle j'ai été exposé aux désirs d'un homme (un pervers) qui m' a persuadé que ma "vraie nature " était l'homosexualité. Il en tenait pour preuves mes érections et mes éjaculations, mon plaisir.

Comme ces réactions étaient mécaniques et que j'étais sidéré par ces désirs inadaptés à ma volonté, comme le conflit entre mon non consentement et l'influence qu'il avait sur moi m'ont paralysé ces abus ont duré.

De sorte que cette "prophétie" cette "malédiction" d'être homosexuel pendait comme une épée de Damoclès sur ma tête.
Il m'a fallu des années pour me défaire de ma honte et de ma culpabilité et aussi de l'hyper-correctisme dans quoi ça m'a précipité.

Aujourd'hui j'accueille plutôt que je refuse, ce qui n'ont été pendant des années que des fantasmes repoussoirs. Et je me rends compte que j'ai souffert d'autant plus de ne pas accepter ma bi/pan sexualité que j'étais persuadé que c'était lié aux viols.

Il m'a fallu du temps pour accepter une sexualité plutôt riche que déviante, plutôt appétissante que dévorante et de m'admettre comme je suis.

Je ne fais de mal à personne du moment que j'assume: j'ai envie de faire l'amour avec certaines personnes, parfois c'est possible, parfois non.
Que ces personnes soient des hommes, des femmes ou autre chose.
J'ai envie de faire l'amour avec des personnes pour qui j'ai du sentiment, parfois c'est possible et parfois non.
J'assume aussi que j'ai envie de faire l'"amour" avec des personnes pour qui je n'ai pas de sentiments et parfois c'est possible et parfois non.

Mais quand c'est possible, alors je donne et je prends du plaisir. Indépendamment de l'amour exclusif que je peux éprouver pour une personne spéciale.

Je ne sais pas si ton mari à subi des traumatismes et je lui souhaite que non, mais j'éprouve et j'ai éprouvé cette impérieuse nécessité d'avoir des rapports sexuels avec d'autres personnes sans en aimer pour autant moins ma femme. Parce que ce désir se situe dans un autre plan.

J'ai lu une bd (formidable) dans quoi on explique le paradoxe de l'exclusivité sexuelle en la comparant avec l'amitié: comme il serait surréaliste qu'un ami se désole et s'éloigne au prétexte qu'on a un autre ami, que cet ami fasse des scènes et des embrouilles parce qu'on a dîné chez quelqu'un d'autre, qu'on est allé au cinéma avec quelqu'un d'autre etc…
Que cet ami se mette à pleurer en demandant si il ne suffit plus etc…
Pour l'amitié c'est absurde parce qu'on ne fait rien qui engage à l'exclusivité à priori
Et bien je trouve que ça pourrait être vrai pour l'amour et la sexualité. Pour tou.tes.s et pour chacun.e. Parce que même si biologiquement on est fait pour se reproduire et que la nature nous en remercie en nous accordant du plaisir, il y a bien longtemps qu'on utilise ce plaisir pour autre chose que de garantir la pérennité de l'espèce.
Et parmi la complexité de divers rapports humains, il y a l'amour pour un être particulier et aussi la sexualité et ses pulsions vitales.
Quand tous ceux qui y participent sont d'accord, il n'y a que du bien à se faire.


Aime ton mari et laisse le t'aimer, pour peu que vous soyez protégés laissez vous vivre comme vous l'entendez.

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Re: Accepter sa bisexualité pour bien la gérer ?

Message par cajoline1610 » il y a 2 ans

bonsoirbonsoir,

malheureusement mon mari a vécu les mêmes traumatismes que toi, abusé sexuellement par des hommes pendant son enfance et à répétition.
Et comme toi mon mari n'a pas l'impression de me tromper.
Si ta femme t'avait laissé une ouverture pour assouvir ton besoin penses-tu que tu aurais réussi à en respecter les limites ou c'est plus fort que tout?
Es-tu finalement heureux maintenant? regrettes tu de t'être séparé de ta femme?

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Re: Accepter sa bisexualité pour bien la gérer ?

Message par cajoline1610 » il y a 2 ans

pablobi,

Tu as raison je pense aussi que c'est quelque chose à apprivoiser sans se l'interdire. je n'ai pas l'impression qu'il a des phases de désir. Quand il est à la maison ou en vacances pendant un mois il n'y a pas ce désir mais quand il repart il est tout fou, il en profite comme si c'etait toujours la dernière fois

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Re: Accepter sa bisexualité pour bien la gérer ?

Message par Pablobi » il y a 2 ans

J'ai toujours, mais je me trompe peut-être, la conviction que ne pas contrôler ses pulsions, c'est les subir et donc le plaisir est relatif. C'est un peu ma conception des addictions, du plaisir ok, mais c'est avant tout un besoin, et donc je vois mal en quoi c'est épanouissant, j'y vois une fuite en avant, mais me fie aussi à ton récit conditionné par ton ressenti.

Après, je ne juge pas les pratiques, je comprends aussi ce genre de tentation, la facilité, ce milieu dans lequel on s'approprie rapidement les codes...
Peut être que c'est son équilibre, mais qu'il sait que ce n'est pas satisfaisant pour toi, et essaie de ne pas te blesser.

Bonsoirbonsoir
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Re: Accepter sa bisexualité pour bien la gérer ?

Message par Bonsoirbonsoir » il y a 2 ans

Cajoline,

Je suis désolé de ce qui est arrivé à ton mari et aussi de ce qui t'arrive à toi.

Un cas n'est pas l'autre et je ne peux évidement pas répondre pour lui ni pour personne.
Je peux juste te dire ce que j'ai appris, puis compris. Ce que je ressens et là où j'en suis.

Dans le paquet il y a peut-être des choses que tu peux trouver et qui t'intéresseront.
Mais je ne suis , ni ne veux être le modèle de personne.
Ca m'a coûté des années de psy.

Sur l'impression de tromper

Pour moi une seconde vie, de secret, d'oubli forcené, de mensonge s'est ouverte au moment des abus. Je voulais les oublier, je croyais les oublier.
En fait ce qui a ouvert cette seconde vie est l'incapacité pour moi d'accepter une sexualité qui comporte des désirs multiples. Je suis resté , donc, plus qu'ultra fidèle pendant des années. Dans une sorte de contrat Faustien: Mon équilibre dépend de mon exclusive. Je suis hétéro. Quand , par ailleurs j'ai commencé à sombrer, sans (vouloir) savoir pourquoi, j'ai mis ça sur le compte de la quarantaine, puis de l'approche de la cinquantaine etc… La dépression a commencé son travail de sape sur mon couple, sur le désir en fait. Quand ma femme est allée un peu voir ailleurs, j'ai vraiment flippé. Pas parce que c'est mal, mais parce que j'avais la terreur d'être abandonné. Abandonné à mes fantasmes, refoulés comme liés à des trucs pas bien.
En fait ce gars qui a étendu sur moi ses désirs, l'a fait en se justifiant de ma beauté. C'était de "ma faute" si je le faisais craquer. J'en ai conçu une estime de moi vraiment bizarre, je ne me trouvais pas de qualité, sinon je craignais (confusément de m'en reprendre une couche). J'ignorais les compliments, je me dévalorisais. Jusqu'à l'absurde. Et j'ai échappé comme ça à pas mal d'avances.

Mais quand ma femme m'a trompé, j'étais très déstabilisé et forcément je me disais que c'était à cause de moi. Puis j'ai croisé une femme qui, à cause de ma distance ( je ne m'attribuais pas vraiment de qualité) a cru que j'étais homo. C'était comme un déclic. Je voulais me et lui "prouver" que non. Ensuite ce n'était pas très nourrissant cette relation. Et c'est devenu une sorte de compulsion.

Puis un homme s'est comporté avec moi de façon à ce qu'il me plaise, et non comme l'amuseur initial et là aussi j'ai "craqué".
Mais ça se passait dans la vie parallèle, comme si ça n'avait pas de répercussion ou de lien.
Ce n'était pas satisfaisant. Juste déchargeant. La tension permanente de la gestion de deux vie parallèle s'arrêtait le moment de jouir. Puis je revenais le plus sincèrement du monde à ma vie normale.


Sur: si ma femme m'avait laissé faire

Ma femme ne m'a pas laissé faire ou pas faire, elle ne pensait pas à ça. Je ne saurait te dire que l'impression que j'en ai après coup.
Ce qui a vraiment achevé mon couple n'est pas tant l'adultère que le constat de l'impossibilité pour moi de trouver au long de ces années communes le chemin dans l'intimité pour parler. Mais en vrai ce chemin n'existait pas. Quand elle s'est rendue compte, par hasard et qu’elle a cédé à la tentation de vérifier dans mon téléphone et ensuite de fouiller dans mon PC elle a trouvé des choses qui lui ont arraché le cœur. Et à moi aussi parce que j’étais dissocié. J’avais créé une vie parallèle dans quoi devait s’évacuer les fantasmes ( que je croyais sombres) et contre quoi je luttais.
Quand la frontière entre mes deux vies a éclaté, j'étais catastrophé et je n'avais plus les moyens d'expliquer ou de comprendre.

Mais je crois que si à ce moment là, ou avant par je ne sais quel libéralisme elle s'était montrée prête à laisser s'exprimer la sexualité, la mienne et la sienne en fonction des désirs surgissants, je crois que ça se serait équilibré. L'interdit est délétère je crois. Il faut des règles pour vivre mais je crois qu'en ce domaine, les règles devraient s'éclairer de pragmatisme. Mais il faut surtout un équilibre. Mais je crois que l'exclusivité sexuelle est un échec si c'est une obligation et un bonheur évident si c'est librement consenti.

Ce n'est peut-être pas universel mais si j'avais pu subvenir à mes désirs, beaucoup de choses n'auraient pas eu lieux, pas parce que je me serais "assagis" mais parce que ça voudrait dire qu'une discussion aurait eu lieu, sur ce qu'on est, ce qu'on veut etc…

Mais , sans fatalisme parce que c'est mal poser le débat, tout de même la bi/pan-sexualité n'est pas un concept, ce n'est qu'au moment de la "pratique" que ça se révèle. Comme on ne peut pas je crois, décréter qu'on aime faire l'amour avec tel ou tel, mais que l'attirance pour cette personne en particulier est indépendante de son genre, c'est aussi inéluctable. mais bien sur on peut toujours dompter ses pulsions. J'ai déjà eu envie de flanquer ma main en travers de la figure de plein de gens mais je ne l'ai pas fait.


Sur le bonheur

Je suis plus heureux maintenant qu'avant ça c'est sur, mais ce n'est pas d'avoir quitté ma femme qui me rend heureux.
Ce qui me rend heureux est d'avoir compris un truc sur moi-même et sur les autres. Ce qui me rend heureux est de vivre et de ne pas m'être flingué. Ce qui me rend heureux est de moins me mentir et de moins mentir aux autres. Ce qui me rend heureux c'est de faire l'amour.

Mais bien sûr il y a des moments de chauffe et des moments plus tranquilles. Et bien sûr les circonstances identiques apportent les mêmes réactions. Mais je ne "profite " plus autant qu'avant de l'éloignement. Ce n'est plus une denrée précieuse parce que rare, mais une denrée précieuse parce que libre.

Après cette grande liberté, cette très, trop grande liberté est souvent synonyme de solitude.

Sur le regret

Bien sur que je regrette. Personnellement je n'ai pas cessé un instant d'aimer la femme de ma vie. Et elle reste une personne aimable pourquoi ne l'aimerais-je plus? Ce qu'il s'est passé à rendu notre vie commune impossible, trop difficile à avaler. Je le regrette.

Mais je ne pourrais plus vivre comme je vivais. Et si j'ai la nostalgie de ma vie de famille (qui a explosé) j'ai maintenant une autre vie qui est belle aussi, différente.

Personellement je n'engagerais personne à se séparer quand il est possible d'aménager la vie. C'est une épreuve dont j'aurais pu me passer.
Mais je n'ai pas trouvé, moi, le moyen d'éviter le crash, on était peut-être déjà trop loin.
Je crois aussi que c'est une question d'équilibre, pour soi même et dans le couple. Si on introduit une dose de liberté sexuelle ou amoureuse ou les deux il faut que ce soit un avantage de part et d'autre. Pour moi qui suis pansexuel c'est bien, mais si, en face, ma femme qui est hétérosexuelle ou simplement monogame n'y a aucun avantage ça déséquilibre le couple.
Je n'ai pas pu lui imposer quelque chose à quoi elle n'avait pas d'intérêt et elle non plus.



Mais toi Cajoline que voudrais-tu pour toi-même? Pas pour ton mari ou son bonheur, mais pour toi, pour ton bonheur?

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Re: Accepter sa bisexualité pour bien la gérer ?

Message par Noctis » il y a 2 ans

Merci Bonsoir pour ton témoignage ! Il y aurait tellement à dire...
Bonsoirbonsoir a écrit :
il y a 2 ans
Mais je crois que l'exclusivité sexuelle est un échec si c'est une obligation et un bonheur évident si c'est librement consenti.
C'est exactement ce que je pensais et ce que je vis en ce moment. Mon expérience personnelle me permet d'ajouter que c'est également le cas pour l'exclusivité sentimentale.

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Re: Accepter sa bisexualité pour bien la gérer ?

Message par Givre.coeur » il y a 2 ans

Bonsoir Cajoline1610,

"Pensez vous que pour gérer au mieux sa bisexualité, la première étape est de l'accepter ?"
Je ne pense pas qu'on "gère" sa bisexualité, c'est une orientation sexuelle qui fait partie de nous, de notre identité. Toi, tu ne penserais pas à gérer ton hétérosexualité, non ?
Par contre on peut en effet gérer nos émotions et donc nos pulsions. Pulsions qui sont quand même propres à chaque individu, et qu'on ne peut entièrement relier à une orientation sexuelle.

Je ne vais pas cibler ton cas parce que je ne suis pas psy, donc une généralité : beaucoup de couples, y compris de personnes hétérosexuelles (et surtout, puisque qu'ils constituent la majorité des personnes) rencontrent des obstacles similaires à ce que tu vis. Et c'est l'exclusivité qui pose problème, pas l'orientation sexuelle d'un des membres du couple.

On a souvent tendance à charger la bisexualité (et donc les personnes bisexuelles) avec ces histoires (c'est même la première chose à laquelle a pensé ma compagne à la suite de mon coming out) alors que c'est une histoire d'individu qui se retrouve ou ne se retrouve pas dans le schéma exclusif du couple.
Pour certains, cela convient très bien, c'est mon cas, donc un homme bisexuel, et d'autres pas du tout, ce qui est visiblement le cas de ton mari ou d'autres personnes bisexuelles qui interviennent ici. À plusieurs personnes bisexuelles tu as donc des réponses multiples à l'exclusivité, donc je ne vois pas en quoi la bisexualité serait la source du mal-être de certains individus face au schéma classique du couple exclusif.

Franchement si on parlait plus de l'exclusivité en amont de la formation d'un couple il y aurait beaucoup de faillite chez les psys. Blague à part, ces thématiques sur l'existence de couples non exclusifs, le polyamour (c'est pas pareil !) c'est un truc qui n'arrive que depuis très récemment dans la sphère publique. Je pense que les générations qui arrivent auront moins de problème que les précédentes, car plus informés sur l'exclusivité et les autres formes de couples.

PS 1 : la bd dont tu parles bonsoirbonsoir, c'est celle de Cookie Kalkair ?
PS 2 : la "pérennité de l'espèce" ça n'existe pas, aucune réalité biologique ce truc, le biologiste que je suis est obligé de relever (ça c'est une pulsion, professionnelle, mais quand même 😂). Donc c'est bon, pas d'obligation, va pour le plaisir juste pour le plaisir.😂

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Arnickel
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Re: Accepter sa bisexualité pour bien la gérer ?

Message par Arnickel » il y a 2 ans

Bonjour Cajoline,

J'ai l'impression que ton homme te mets sur un piédestal car il a honte de lui, de ses envies, de ses besoins. Il doit d'abord accepter l'humanité chez les autres pour accepter sa propre humanité, bref se sortir de la perfection.

Partant de cette hypothèse, tu pourrais l'aider en parlant avec lui, en te mettant a nu, en parlant de tes propres besoins et de tes désirs même les plus honteux (je sais c'est pas facile). Il pourrait se confier un peu plus, l'objectif serait que chacun mette cartes sur table.

Cette étape passée, vous pourriez parler de vos propres limites : quelles sont les lignes rouges pour vous-même et pour l'autre (ce que vous n'accepteriez pas de l'autre).

Enfin un peu plus tard, ce serait le moment des compromis car il y a le désir et le besoin, lorsqu'il aura compris la différence, il saura de quoi il peut se passer et peut être pourras-tu accepter qu'il franchisse certaines limites établies.

Le couple, c'est effectivement une sorte de contrat entre deux personnes qui évolue dans le temps et surtout il ne doit y avoir aucune pression moraliste, c'est votre affaire, votre intimité profonde.

En tout cas, bon courage à vous deux !!!

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Re: Accepter sa bisexualité pour bien la gérer ?

Message par cajoline1610 » il y a 2 ans

Bonjour à tous et merci d'avoir partagé vos points de vue.

Bonsoirbonsoir, je retrouve beaucoup mon mari dans tes propos, le fait qu'il veuille lutter contre sa bisexualité, comme toi il a créé une vie parallèle et revenait dans sa vie "normale" quand il revenait à la maison, où il faisait complètement abstraction de son autre vie, il dissocie vraiment les deux vies. Comme je lui dis, il n'y a pas 2 personnes en lui, l'homme hétéro quand il est à la maison et l'homme homo quand il part, il n'est qu'une seule et même personne, un homme qui a des désirs multiples comme tu dis.

Je pense que tu résumes très bien la situation dans ta phrase " Mais je crois que l'exclusivité sexuelle est un échec si c'est une obligation et un bonheur évident si c'est librement consenti." Tant qu'il se l'interdira il sera d'autant plus attiré par l'interdit, c'est pourquoi je pense qu'il doit l'accepter afin de pouvoir gérer ses pulsions.
Mais même quand ce n'était plus interdit, il en profitait au max sans penser à ce que je pouvais ressentir.

Noctis, pour toi et ta femme ça parait évident, car tu as dit une fois dans un de tes posts que tu n'étais plus amoureux de ta femme, et je pense que ça joue beaucoup.

Si comme toi, Bonsoirbonsoir, je savais que mon mari serait plus heureux que maintenant sans moi et sans contrainte alors je le laisserai partir, je n'ai pas le droit de le rendre malheureux pour que moi je sois heureuse, ce n'est pas ma conception du couple.

Tu me demandes ce que je voudrais pour mon bonheur, pour être honnête, dans l'absolu j'aimerai retrouver mon couple exclusif, avoir confiance, être sereine et profiter de la vie en famille. Mais je ne me voile plus la face, je ne retrouverai jamais mon couple d'avant, en tout cas pas dans la même manière, alors j'aimerai composer ce nouveau couple avec un avenant qui nous rende heureux tous les 2. Comme tu le dis je ne trouve pas mon équilibre, je suis hétéro, monogame et exclusive, lui ne partage plus les mêmes idées. Alors il faut trouver un juste milieu.

Grivecoeur, je pense que je me suis mal exprimée dans mon titre mais je pense que tu as compris ce que je voulais dire par gérer. C'est gérer ses pulsions, son besoin, ses envies, son addiction, dans tout ça je suis perdue car lui même ne sait me décrire exactement ce que c'est. C'est moi parfois qui lui ouvre le yeux en lui disant que c'est un besoin pour qu'il se sente lui même.

Comme bonsoirbonsoir tu as raison le problème c'est l'exclusivité, nous n'avons plus la même conception du couple, dans sa tête il est exclusif car ce ne sont pas des femmes et pas de sentiments, il ne me trompe pas et pour moi ce n'est pas la même chose, car il ne supporterait pas que j'aille voir un autre homme même si ce n'est que sexuel.

Arnickel, je ne sais pas si mon mari me mets sur un piédestal, même sans moi à ses côtés il en aurait honte, peut-être moins car il ne culpabiliserai pas et c'est sa vision de ses pratiques que j'aimerai qu'il change pour qu'il s'accepte davantage.

Nous avons déjà définies nos propres limites, nos lignes rouges comme tu dis mais elles ne sont jamais respectées de sa part, et comme tu dis il ne différencie pas besoin et désir. Son désir est là, et il doit passer à l'acte pour se sentir bien et se débarrasser ce poids qu'il ressent.

Je me suis déjà mise à nue, il sait tout de mes désirs même les plus fous, mais je sais que je ne pourrai les réaliser et je n'en suis pas malheureuse pour autant contrairement à lui.

Nous avons établi un avenant au contrat initial mais doutant lui même beaucoup de ses capacités il n'est pas sûr d'y arriver, du coup il se met la pression, baisse les bras et part défaitiste, prêt à tout envoyer valser.

je sais que le problème vient également de moi, j'ai beaucoup de mal à accepter la non exclusivité, j'ai beau me raisonner, me dire ce n'est que sexuelle, il m'aime, son désir pour moi et toujours là, dans ma vie de tous les jours ça ne change rien, c'est une belle personne, un bon père etc... des fois ça marche et des fois j'ai la boule au ventre;

le fait qu'il est souvent abusé de ma tolérance et de ma compréhension, qu'il n'ait pas fait attention à ma souffrance et à mes ressentis ne m'aident pas non plus à accepter la situation. Je pense que nous avons du travail à faire tous les 2 pour que cela fonctionne.

ce soir nous allons voir la psy ensemble, nous l'avons déjà vu 2 fois, elle saura peut-être nous aiguiller;

En tout cas je remercie les participants au forum, je suis là depuis 4 ou 5 ans et sans ce forum je pense que j'aurai déjà tout envoyé valser sans comprendre ce qu'il se passe dans la tête et le corps de mon mari;

j'ai déjà tout envoyé valser en juin, où j'arrivais à saturation, mais je n'arrive pas à aller jusqu'au bout car il y a un truc qui s'appelle l'amour entre nous et je suis une battante j'ai du mal à lâcher et à abandonner. Nous avons vraiment envie de trouver un équilibre où chacun est heureux

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Arnickel
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Re: Accepter sa bisexualité pour bien la gérer ?

Message par Arnickel » il y a 2 ans

Cajoline,
La phrase qui suit est à méditer et pas forcément à prendre au pied de la lettre :

La plupart des gens se séparent car c'est la relation qui devient impossible et pas l'amour qu'ils se portent.

Autre phrase qui viendrait de Lao Tseu à méditer également par rapport à ta dernière phrase :

Pour arrêter la guerre, il faut cesser de vouloir faire la paix.

cajoline1610
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Re: Accepter sa bisexualité pour bien la gérer ?

Message par cajoline1610 » il y a 2 ans

Arnickel,
Ca je l'ai compris il y a quelques mois que si la relation devient impossible on se séparera même si on s'aime.
mais j'espère trouver un arrangement équilibrant
Concernant ta dernière phrase, dans quel sens pour vouloir la paix, avec quoi?

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