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Re: Je sais que c'est ma faute...Mais....

Message par Titsouribi » il y a 8 ans

Alors il y a plusieurs éléments (je suis désolée pour les accents grave mais je suis sur un clavier anglo et je l'ai ai pas encore trouve haha)

_ Je doute fort qu'il y en ait tellement plus que ça qu'avant, mais il est vrai que certaines études aurait montré que le stress en milieu urbain et certaines formes de pression sociale renforce l'apparition des troubles de la personnalité. Bon maintenant je ne sais pas si c'est vrai de notre époque par rapport a une autre ... La psychiatrie c'est comme toutes les sciences, il y a des effets de mode et des cela suit les époques donc aujourd'hui les troubles de la personnalité sont décris et codifié, hier ce n'était pas le cas ...

_ Le trouble de la personnalité narcissique est bien référencé dans le DSM-5 (manuel officiel anglosaxon de diagnostique des troubles psychiatriques), au même titre que le trouble de la personnalité limite (le fameux borderline qui est très a la mode aussi), histrionique ... etc. On parle de troubles de la personnalité quand la personne qui éprouve une liste de traits de personnalité qui fait parti de la liste associe a un trouble de la personnalité décrit ressent un inconfort voir un malêtre qui l’empêche de fonctionner normalement en société, au travail, dans sa vie personnelle ... etc. Après si vous regardez les listes de traits de la personnalité qui entre dans telle ou telle catégorie, on a tous des traits qui entrent dans l'une ou l'autre d'une certaine façon. C'est pourquoi le diagnostique doit être posé par un professionnel et pas par soi-même, et il ne faut pas voir des narcissiques partout.
Etre narcissique, voir pervers narcissique c'est quand même assez lourd pour le bien-être. Ce sont des gens qui pourrissent leur entourage, leur famille, leurs amis, leurs amants et qui parfois créent de la souffrance au travail (en harcelant ou manipulant des collaborateurs par exemple). ça finit par leur revenir en pleine poire généralement, sauf dans des milieux ou il arrivent a passer inaperçu ...

_ La description de la personnalité c'est pas une science exacte, c'est un continuum d’abord, et c'est complexe ensuite. Certaines personnes sont a cheval sur plusieurs types, d'autre ont juste de forts traits mais ne sont pas narcissique en tant que tel car elles fonctionnent très bien en société. l'important c'est: est-ce que ça nuit au bien-être de la personne et au bien-être de ses proches ? Et ça c'est subjectif.

Souvent les personnes réellement narcissique ne s'en rendent pas compte ou sont incapables de l'admettre car c'est une immense honte pour eux (ils sont généralement conscients que quelque chose cloche quand même sauf dans les cas lourds) et ils ne consultent que quand ils vivent un épisode dépressif, un choc psychologique (décès, maladie), ou quand la vieillesse vient impacter leurs performances par exemple ...

Biensur les bouquins, les magasines de psycho de comptoir et les médias de manière générale s'emparent de ce genre de concept et en font des modes plus larges ... C'est comme la mode des gamins TDHA, ça existe mais c'est pas le premier gosse surdoué un peu turbulent venu qui est TDHA ...
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Re: Je sais que c'est ma faute...Mais....

Message par Carmen » il y a 8 ans

C'est vrai qu'il faut faire attention à ne pas voir des narcissiques, voire des pervers narcissiques, partout, ce que j'ai parfois un peu eu tendance à faire. Et en ce qui me concerne, ce n'est pas parce que je me suis reconnue dans les réactions de petiteféébizarre que la personne que j'avais face à moi était une narcissique ou une perverse narcissique. D'ailleurs, je ne sais pas trop si on peut être sûr que la femme qu'a aimée petiteféebizarre en était une.

Pour les autres personnes que j'ai rencontrées et auxquels je pensais en parlant de mon questionnement (dont mon père), il serait hasardeux, voire dangereux, de les diagnostiquer "pervers narcissiques" mais pour la plupart je pense pouvoir affirmer qu'ils ont eu des comportements qui ont nui à leur entourage et dont ils souffrent eux-mêmes en réalité (pour la fille dont j'étais amoureuse et qui a fait que je me suis reconnue, là, je ne sais pas trop car je la connais moins finalement). Tout ça pour dire que lorsqu'on parle de quelqu'un (qu'on le connaisse ou pas, d'ailleurs) il est sans doute plus approprié de parler de comportements problématiques, nuisibles, manipulateurs, pas clairs, etc, plutôt que de qualifier la personnalité de cette personne.

Ce qui m'a en particulier frappée dans ce que disait Titsouribi, c'est, tout d'abord, l'idée de drogue : on sait que ça ne fait pas forcément du bien (manière euphémistique de dire qu'on sait que ça fait du mal) mais on continue quand même, et à un moment il faut tout simplement se sevrer. Et aussi cette idée de miroir, que le manque de confiance et le besoin d'être aimé peut s'exprimer d'un côté par l'excès d'empathie et de l'autre par cette façon d'être narcissique voire perverse que vous avez décrite à plusieurs reprises. Et aussi la vulnérabilité et l'importance du respect de soi-même, qui dans certains cas doit s'apprendre.

J'avais lu dans un article que le pervers narcissique savait capter l'immense besoin d'altérité de celui qui devient sa victime. L'immense besoin d'altérité, je me suis reconnue, et je crois que parfois dans mon histoire j'ai fait passer la tentative de combler ce besoin d'altérité avant le respect de moi-même.

Peut-être que pour notre approche quotidienne on peut penser le pervers narcissique comme un cas extrême qui permet d'évaluer le caractère plus ou moins sain des relations que nous vivons. Sans oublier que cela existe aussi vraiment, mais dans ce cas l'aide par un professionnel est sans doute le plus adapté.

Une dernière pensée qui me vient : difficile parfois de ne pas s'enfermer dans une obsession, une relation. Notre entourage pose parfois un regard assez juste sur ce qu'on vit, mais parfois il faut du temps pour s'en rendre compte car on n'a pas toujours envie d'écouter (moi en tout cas), et sans doute que c'est normal en fait, parce que tant qu'on n'a pas compris soi-même qu'il n'y a pas de réponse à trouver chez telle ou telle personne, on continue de chercher.

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Re: Je sais que c'est ma faute...Mais....

Message par Titsouribi » il y a 8 ans

Comme je venais de le dire à quelqu'un en privé, pour moi la clé c'est la distinction essentielle entre "amour" et "respect".

Je pense qu'on peut aimer et ne pas respecter quelqu'un. Comme on peut s'aimer, et ne pas se respecter.

Je ne crois pas que les personnes narcissiques soient incapables d'aimer ... mais elles aiment mal.
Il y a ce sentiment d'être important pour eux, de vivre quelque chose de fort et intense, d'unique. On a l'impression que c'est le grand amour, le seul, le vrai, parce qu'il nous fait sentir vivant, qu'il nous propulse très haut et tomber d'autant plus bas ...

Sauf que le vrai amour d'une personne c'est le respect; c'est l'écoute pas seulement de ses attentes mais de celles de l'autre, le partage sur une base équitable, le dialogue ... Et même si ce ne sont pas les composantes les plus "intenses" d'une relation, ce sont celles qui je crois font qu'une relation est saine. Le respect.
L'amour ne suffit pas. L'amour n'est garant de rien sur ce plan.

Et quand la personne en face n'a pas de respect pour vous, quand bien même elle semble vous aimer vraiment, avoir besoin de vous, du lien qu'elle a avec vous, c'est là que c'est important de savoir se respecter pour deux et partir ... Plus facile à dire qu'à faire biensur, mais l'amour n'est pas un du, jamais.
Je dis par rapport aux liens familiaux; pour moi ça marche pareil. Le respect filial n'est pas un du, c'est un truc qui se mérite et se cultive tout pareil que les relations avec d'autres personnes. Je disais ça à un ami qui vivait un immense déchirement parce qu'il aimait son père, mais son père l'avait martyrisé toute son enfance. Il arrivait pas à résoudre cette contradiction, et du coup il se coupait de son affection pour se venger. Je lui ai dit: tu ne peux pas t'empêcher de l'aimer, mais tu ne lui dois pas ton respect. C'est pas parce qu'il a fait quelque chose pour toi d'aussi grand que de te donner la vie que tu lui dois le respect.
Mais tu peux choisir de l'aimer tel qu'il est aujourd'hui, maintenant que tu es adulte, que ce passé est derrière vous, si il fait amende honorable, si il reconnait ses tords, si il est devenu une nouvelle personne ... Tu peux décider de le choisir comme père. Ici et maintenant. La différence c'est que tu te respecte, et tu le force à te respecter. Il faut qu'il se montre digne de ton attachement de fils.

Je pense que ça prend du temps, des gamelles et de l'expérience pour comprendre cette différence essentielle ... Toute attention, même marquée, même émaillée de moments de tendresse, de gentillesse, de moments forts, n'est pas forcément du respect. Ça peut être de l'amour ... mais un amour toxique. Egoïste, incomplet. Et c'est se respecter soi-même que d'exiger le respect des autres et leur en donner.
Notre esprit peut nous forcer à outrepasser cette impulsivité du coeur qui nous pousse, particulièrement certains, à aimer toute personne qui nous donne de l'attention.

Je pense qu'on décide pas d'aimer, on ne contrôle pas ses sentiments, et ce n'est pas souhaitable. En revanche on peut contrôler le processus conscient selon lequel on choisit d'en faire - ou non - bénéficier l'autre ... Et en bénéficier soi-même. Le respect de soi et des autres, c'est ce processus mental là qu'on peut travailler.
Il n'y a pas de honte à aimer à perte ... à aimer quelqu'un qui ne nous aime pas, ou nous fait du mal en retour. L'amour c'est le sentiment le plus spontané et le plus naturel qui soit. On peut aimer une personne atroce, cruelle, parce que la compassion fait parti de l'amour instinctivement, on pardonne, on ressent sa peine ... etc. Ce n'est pas un sentiment comptable.
Par contre il y a un problème à céder à quelqu'un qui ne nous respecte pas en retour tous les bénéfices de cet amour, être constamment à lui courir après, lui dire jour après jour combien on l'aime, nourrir son égo à perte. Là on se compromet soi-même parce qu'on brule tout simplement de l'énergie, et on va de déception en déception. On cherche à générer chez l'autre ce qu'on ressent de si fort et si beau en soi, et on comprend pas que la connexion se fasse pas. Et on s'épuise ...
Soyez fiers d'aimer, ça prouve que votre "coeur" (votre cerveau en fait) fonctionne. Votre émotivité fonctionne.
Ce qui pose question c'est de se laisser utiliser ... Ça c'est un problème de respect de soi.
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Re: Je sais que c'est ma faute...Mais....

Message par Carmen » il y a 8 ans

Je trouve tout ce que tu écris très pertinent.

"Marie" dont j'ai parlé dans le topic "Domination et consentement" m'aimait, d'une certaine manière. Plusieurs fois j'ai senti de la sincérité chez elle... Mais elle m'a quand même fait subir un viol. Il y avait eu des signes avant-coureurs qu'elle ne me respectait pas suffisamment (des mails, des paroles peu sympathiques), mais je n'avais pas su prendre ces signes suffisamment au sérieux : faiblesse, besoin de reconnaissance si grand qu'on va un peu le chercher auprès de n'importe qui, empathie, solitude, besoin d'attention et aussi croyance dans les regrets qu'elle avait exprimés et dans la possibilité de changer, dans les effets bienfaisants du temps qui répare et permet aux gens d'évoluer. Malheureusement, ainsi qu'un psy me l'a expliqué, quelqu'un qui a des tendances perverses (perversité sexuelle, perversité narcissique, je ne sais pas si c'était le cas mais c'est possible, du moins en partie) ne se rend pas forcément compte de ce qu'il fait sur le moment, notamment au niveau sexuel (pour moi c'est difficile à saisir, mais je ne suis pas spécialiste). Donc il peut y avoir, quelques mois après avoir blessé par ses paroles et ses écrits, regrets sincères, et acte sexuel forcé quelques mois après.

Avec "Jeanne" (allons-y pour les prénoms classiques, c'est ainsi que je rebaptise la fille dont j'étais amoureuse l'année dernière et que j'ai plusieurs fois évoquée), j'étais complètement séduite par la force de ce que je ressentais, ce que tu appelles la passion. La force de ce sentiment, la force des moments passés ensemble (même s'ils semblent peu significatifs à une personne extérieure) et la croyance que j'avais dans le fait que c'était ce qu'il y avait de plus important m'empêchaient de me détacher d'elle. Maintenant je me rends compte qu'elle ne me respectait pas vraiment d'entretenir un espoir chez moi sans y répondre concrètement, et que ce ne serait rendre service ni à elle ni à moi que de reprendre contact : comme tu l'as dit Titsouribi à petiteféébizarre cela renforcerait certes son narcissisme mais ne ferait pas avancer le chmilblick en matière de respect. A propos de respect, moi je ne me respectais peut-être pas suffisamment que de continuer à courir après et elle ne se respectait sans doute pas suffisamment non plus pour accepter de passer pour quelqu'un qui n'a pas de parole, une sorte de coquille vide.

J'ai beau écrire cela, je ne suis pas complètement sevrée, et je comprends complètement petiteféébizarre quand elle parle de ses "rechutes".

A propos de respect, un garçon dont j'étais amoureuse m'a un jour dit que si je ne me respectais pas moi-même personne ne me respecterait. Est-ce que vous soyez aussi les choses ainsi ?
Il me semble que quelqu'un peut très bien ne pas me respecter même si je me respecte moi-même, mais dans ce cas si je me respecte moi-même je vais aller me faire respecter, ou partir.
Et parfois on peut, je crois, avoir la chance de rencontrer quelqu'un qui nous respecte tant qu'il nous montre que nous ne nous respectons nous-mêmes pas suffisamment.

Après avoir lu le dernier post de Titsouribi, j'ai eu une vision de ma vie amoureuse jusqu'ici comme d'une longue course pour essayer de trouver de l'amour, de la reconnaissance, de l'attention, que sais-je encore, auprès de femmes qui ne pouvaient pas vraiment me l'apporter (il y en a eu d'autres que je n'a pas évoquées !), et pour échapper aux garçons qui auraient bien voulu me le donner. Je ne sais pas s'il faut s'interroger sur le pourquoi.

C'est intéressant ce que tu dis sur la passion. Je connais la passion mais pas encore la relation amoureuse véritablement épanouissante. Tes réflexions sur la distinction entre amour et respect me rappellent ce que tu écrivais sur l'importance de combiner passion et construction dans une relation. La passion, c'est bien, c'est chouette d'avoir pu l'éprouver, mais clairement, ça ne suffit pas.

En ce qui concerne la famille, je trouve cela extrêmement difficile. Cela suppose un certain détachement, de s'être affranchi du sentiment de culpabilité que l'on va forcément ressentir si on commence à se dire qu'on ne doit rien à ses parents, qu'on n'est pas obligé de les aimer ni de les respecter. D'ailleurs, Etty Hillesum (lisez ses journaux intimes et ses lettres !) fait remarquer que la Bible demande d'honorer ses parents mais pas de les aimer (et pas de les respecter non plus, ajouté-je), j'avais trouvé cette remarque intéressante même si on peut bien sûr arguer qu'on n'est pas obligé d'honorer ses parents.

Cela me fait réfléchir aussi lorsque tu écris que l'on n'est pas obligé de faire profiter l'autre de ce que l'on ressent pour lui. C'est tellement vrai, mais je n'y avais jamais pensé en ces termes. J'ai encore du mal à appliquer dans ma vie l'idée de choix conscients à faire qui peuvent nous permettre d'être plus ou moins heureux. Souvent j'agis plutôt à l'aveugle, de façon quelque peu impulsive.

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Message par Titsouribi » il y a 8 ans

Après toutes ces réflexions on en vient toujours aux mêmes questionnements ...
L'amour c'est quoi, c'est quoi la définition ? Et elle peut être différente pour une personne ou une autre ...

C'est une question de vocabulaire, et on peut jouer sur les mots, mais je pense que cette façon de tourner autours du pot à ses limites; y'en a qui se servent de cette subjectivité pour se dédouaner de leurs choix, de leurs responsabilités.

Je suis une scientifique hein, on se refait pas ... J'ai tendance à catégoriser. Moi pour démêler tout ce bazar, ce qui m'a permis d'avancer c'est de travailler sur cette distinction entre sentiments et processus "actif" de décision.

L'amour c'est un sentiment, une émotion. On est tous ici les premiers a dire qu'on ne choisit qui, quand, on aime. On ne choisit pas ses attirances, ses fantasmes ... On ne choisit pas de qui on a envie de partager l'univers.
On est passif face à ça.
Dans "amour" je regroupe tout un tas de trucs tels que le désir physique, le désir psychologique, la compassion, la tendresse, l'empathie, la complicité ... etc. C'est des trucs sur lesquels on a globalement que peu de prise. On ne choisit pas de ressentir. Ça nous prend aux tripes, c'est l'expression de notre inconscient, de nos instincts les plus profonds.
Le respect, c'est un processus social. La notion de respect est comme la notion d'amour, elle est subjective et change selon les époques et le contexte, mais pour moi c'est un processus conscient basé sur les choix. On choisit de respecter ou non quelqu'un dans le sens où on choisit de prendre en compte ou non ses besoins et attentes à lui, on choisit de se prioriser ou de le prioriser, ou de mettre des efforts pour trouver un compromis. On choisit de dire un mot, ou ne pas le dire. De porter ou non un geste.
Mais comme tout processus social, l'expression du respect nécessite la conscience; conscience de soi et conscience de l'autre.

Alors quand on rentre dans le champ des névroses, là ça devient compliqué évidemment (est-ce que les personnes névrosées ont une perception suffisante de l'autre pour comprendre la notion de respect ... si pas d'empathie, difficile d'avoir du respect). Je pense que quand on parle des effets concrets de l'amour d'une personne envers nous (bon ou mauvais), on parle surtout des choix de la personne, des actes, de l'expression de son respect à notre endroit, plus que de ses sentiments ...
Ça nous est tous arrivé d'avoir en face de soi quelqu'un qui prétend ne pas nous aimer et s'obstine à vouloir le prouver en se comportant de façon blessante, tout en ayant tous les "symptômes" de l'amour ... .
J'ai tendance à penser qu'on choisit pas ses sentiments mais on choisit ses actes.
De la même façon, on peut donc aimer quelqu'un, être en paix avec cela, accepter ses sentiments, mais ne pas agir en conséquence. Ne pas vouloir ou ne pas pouvoir, tout dépendamment des situations ...
Et ne pas vouloir parfois pour reprendre le contrôle de sa vie, et imposer le respect de soi.

Il me vient une réflexion sur la notion de respect d'ailleurs; respecter l'autre c'est aussi respecter parfois que l'amour ne soit pas cette belle chose euphorique qu'elle peut être pour soi.
Dans cette recherche d'altérité dont tu parle Carmen, il y a une forme d'orgueil à vouloir absolument convaincre l'autre que les sentiments sont bons, sont positifs, parce nous ils nous rendent heureux, ils nous font planer.
On veut absolument que l'autre ressente ce shoot qu'on ressent, on veut le réparer, lui ouvrir les yeux, lui apporter la lumière de la vérité, que sais-je encore. Pourquoi faire ? Pour se donner un sens ?
Sauf que pour l'autre, le narcissique, même pas forcément d'ailleurs, l'amour, en tant que sentiment, en tant que truc reçu de façon incontrôlable, est potentiellement source de souffrance. De faiblesse. De risque. Parce que c'est ce que la vie leur a appris. Parce que c'est ce que leur physiologie biaisée leur a appris peut-être, je ne sais pas. Je ne suis pas dans la tête d'une personne narcissique, et elle n'est pas dans la mienne. Peut-être que ce qui est si bon pour moi est très mal ressenti pour lui. D'où ce besoin de nier l'attachement réciproque, de blinder, contrôler les relations sociales. Quand aimer devient une source de souffrance ... il faut le respecter aussi. Ça nous parait triste. Pour lui c'est nous qui somme tristes d'être prisonniers de cette course sans fin vers ce qu'on croit être la route unique vers le bonheur.

Une réflexion comme ça ... Je trouve que ça aide à se détacher.
Personnellement pour supporter mes déceptions sentimentales, je me focalise sur le sentiment et pas sur l'échange équitable ou non de respect, sur ce qu'on a construit et détruit. J'essaye d'être heureuse d'aimer (ouf, ça fonctionne encore à l'intérieur ...) et d'être heureuse des sentiments que je sais les autres avoir pour moi, même si ils ne peuvent pas toujours les appliquer concrètement (ouf ils sont encore vivants à l'intérieur eux-aussi). C'est déjà beau et ça réchauffe en soi, de savoir que les sentiments existent encore.
Quelqu'un qui ne ressent plus est-il encore vivant ? (vous avez 4 heures ... gnehehehe)
Il n'est pas nécessaire d'en faire quelque chose de concret pour qu'ils soient beaux et intéressants à explorer mentalement.

(Désolée de monopoliser le sujet de Petitefée avec mes reflexions pseudo-philosophiques ... On peut continuer le café Philo ailleurs si vois voulez :) )
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Re: Je sais que c'est ma faute...Mais....

Message par Carmen » il y a 8 ans

Je continue aussi ici mais si quelqu'un trouve que c'est préférable d'aller ailleurs je suivrai le mouvement.

Je suis d'accord quand tu dis qu'il y a une forme d'orgueil à vouloir convaincre que les sentiments sont bons, sont positifs. Mais tu dis ça de façon générale ou tu veux dire que tu as l'impression d'après ce que j'ai écrit que j'ai eu ce comportement ?
Le garçon qui m'avait parlé de respect m'avait un jour balancé par un mail qui se voulait un mail d'adieux (et qui n'en n'était en fait pas un car on a continué à être en contact, mais c'est une autre histoire) : "Et j'espère qu'un jour tu seras capable de dire à quelqu'un que tu l'aimes". Ça m'avait vachement culpabilisée, j'avais douté de mes capacités à aimer et je ne crois pas que ça m'avait beaucoup aidée finalement. "Marie" aussi, quand j'avais une attitude plutôt distante par rapport à elle, m'avait écrit des mails pour m'expliquer qu'elle pensait que mon comportement montrait que je ressentais quelque chose pour elle. J'avais pas trop apprécié. De même, j'ai tendance à réagir par du rejet si une prof cherche à me convaincre de continuer à travailler avec elle en mettant en avant le côté fructueux de la relation de travail qu'on avait (même si effectivement la relation était fructueuse).
De mon côté, je ne suis pas sûre d'avoir fait la même chose avec "Jeanne". Peut-être un peu dans la mesure où je l'ai relancée pour savoir si elle voulait qu'on se voie ou pas (elle m'avait dit qu'elle allait me contacter mais ne le faisait pas, et moi j'allais bientôt changer de ville donc je ne voulais pas avoir de regret, et j'ai tenté de montrer dans mon approche que je me plaçais dans le registre de la séduction) et qu'à un moment j'ai montré que j'étais énervée. Mais je n'ai pas voulu lui prouver quoi que ce soit sur le shoot que je ressentais et qu'elle aurait dû ressentir aussi : elle ne sait même pas qu'elle déclenchait un shoot chez moi. Elle a peut-être compris que j'étais intéressée plus qu'amicalement, mais je ne lui ai pas véritablement fait part de ce qu'il y avait à l'intérieur de moi, à part de façon euphémisante et relativement allusive (est-ce que c'était bien ou pas, je ne sais pas).

Mais sinon, oui, je suis d'accord pour dire qu'il faut faire attention à ne pas tomber dans le prosélytisme, à ne pas se prendre pour les missionnaires de l'amour qui ont tout compris à la vie.
Mais oui, c'est difficile, parfois, de renoncer à faire partager à l'autre ce qu'on a ressenti pour lui, à renoncer à une relation dont on a le sentiment qu'elle aurait pu être possible.

Sinon, ton intervention m'ouvre de nouvelles perspectives de réflexion sur le respect. En effet, jusqu'à présent je pensais qu'on ne devait rien aux autres à part le respect. Si je comprends bien, tu ne penses pas que le respect soit un dû ?

Intéressant aussi quand tu parles de constructions sociales. On peut très bien marquer extérieurement son respect à quelqu'un sans le respecter à l'intérieur de soi.

Et oui, moi aussi je me réjouis d'avoir des sentiments même si parfois je suis tentée de pester en me disant : "oh non, encore des souffrances à venir !" C'est peut-être qu'il faut réfléchir au caractère gratuit de l'amour dont je parlais dans un autre topic...

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Re: Je sais que c'est ma faute...Mais....

Message par Sylphiide » il y a 8 ans

Merci de d'avoir répondu à mes interrogations. si j'en ai l'occasion, j'irai consulter la définition du "pervers narcissique" du DSM V, j'ignorais qu'elle y figurait.

La digression, ainsi que les sujets qui y ont été abordés , en particulier la notion de respect, me sont très profitables, et enrichissent certains de mes points de réflexion!

Désolée à petiteféebizarre d'avoir fait intrusion dans ce topic...

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Re: Je sais que c'est ma faute...Mais....

Message par petitféebizarre » il y a 8 ans

J avais écrit un pavé que j'ai effacé par erreur et qui en gros vous remerciait de vos analyses, de votre écoute et du partage.
en travaux....

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Re: Je sais que c'est ma faute...Mais....

Message par petitféebizarre » il y a 8 ans

Chacune de vous a participé à la compréhension de cette situation et m a permis de renaître, sincèrement....
en travaux....

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Re: Je sais que c'est ma faute...Mais....

Message par Carmen » il y a 8 ans

Merci de ce petit mot, ça fait du bien !

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Re: Je sais que c'est ma faute...Mais....

Message par Titsouribi » il y a 8 ans

Bon courage Petitefée,

En temps voulu tu vas cicatriser et tout va rentrer dans l'ordre. Ne culpabilise jamais d'avoir aimé sincèrement. :fleur:
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Re: Je sais que c'est ma faute...Mais....

Message par Sylphiide » il y a 8 ans

Je n'y ai pas vraiment participé, mais je suis contente pour toi que tu puisses avancer doucement, et je l'espère sûrement.

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Re: Je sais que c'est ma faute...Mais....

Message par petitféebizarre » il y a 7 ans

Je suis désolé mais elle revient..on se parle depuis quelques jours comme parfois sauf que la elle remonte dans le nord et veux me voir jeudi....je ne sais pas quoi faire je sais que je dois fuir mais je n'y arrive pas.elle m'a dit" je veut qu'on soit comme des vieilles amies qui ne se sont pas vu depuis longtemps" çà craint severe ?
en travaux....

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Re: Je sais que c'est ma faute...Mais....

Message par Titsouribi » il y a 7 ans

Ça dépend de toi ... Ça craint sévère si tu es toujours amoureuse, tu sais que tu ne pourras pas te contenter de son amitié, qu'elle n'a pas changé et qu'elle va donc probablement te faire souffrir en te faisant espérer ce "plus" qu'elle ne peut pas / veut pas te donner.

Si son amitié te manque, ou que tu as envie de passer un bon moment avec elle, en acceptant ce n'est qu'un épisode isolé sans lendemain - jusqu'à ce qu'elle recommence à traiter comme de la m...- pourquoi pas. Il n'y a pas de mal à se faire plaisir.

Ça dépend de toi.
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Re: Je sais que c'est ma faute...Mais....

Message par chatnoir » il y a 7 ans

HUm... va-z-y mais avec un sacré blindage en béton armé autour du coeur.

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