LudmiA a écrit :Ascagne a écrit :Pour ce qui est des femmes en Grèce ancienne, c'est un sujet que j'étudie depuis un bon moment, alors, quand je te dis que c'est plus nuancé que ce que tu dis, tu devrais m'écouter. Je te donne des références à lire là-dessus quand tu veux.
Je voudrais juste relever ce point, parce qu'il m'intéresse beaucoup et que, si je ne suis pas d'accord avec toi Ascagne, j'aimerais savoir quels sont les textes qui t'ont permis de nuancer la vision des grecs anciens concernant la femme.
J'ai fait mon Master 1 d'Histoire sur la perception de la femme dans les textes homériques (pour en déduire une conception générale à mi-chemin entre la période de création du poème et celle de sa fixation à l'écrit des siècles plus tard).
Or, il en sortait que les femmes étaient perçues d'une manière tant opposée à notre pensée moderne que le terme "négatif" en devenait anachronique. En effet : elles sont tout simplement du mobilier, des gains qu'on se passe et se partage, du bétail que l'on nourrit, des soucis voire une cause de déshonneur...jamais des humains dotés d'une volonté propres, ni même d'un réel attrait. On n'y aime pas les femmes, on les désire comme reproductrices ou esclaves sexuelles, mais ce sont les compagnons d'armes ou les autres hommes de la famille que l'on aime.
Quant à la question des déesses, qui induisent souvent le philhellène en erreur car elles ont un rôle fort et décisif dans la légende grecque : elles représentent le plus souvent des paradigmes humains, elles sont des marionnettes animées qui incarnes les sentiments les plus extrêmes de l'homme (tout comme les autres dieux). La plupart ne sont femmes que par transmission de cultes plus anciens (à la déesse mère, à la fertilité, la nature sauvage), mais dans leur "quotidien" de déesses, elles assument des rôles masculins ou unisexes (cf. Athéna). En revanche, quand leurs comportements correspondent à leur sexe (selon la société grecque de l'époque), elles sont instantanément associées à des choses négatives, troubles, ou dangereuses par essence (accouchement, désir sexuel, mort, magie, jugement, rage, jalousie, puberté...).
La femme est, au mieux, une figure d'altérité (l'autre que l'on craint, déteste, cherche à dompter comme l'homme essaie de dompter la mort ou la maladie) et au pire un objet dont on dispose à sa guise.
Les seules figures féminines qui vont contre ma courte démonstration sont les femmes et les mères de héros, sans doute. Mais telles Phèdre ou cette stupide Hélène, elles finissent toujours par provoquer le chaos et la mort, souvent par amour, donc par faiblesse inhérente à leur nature.
Non, décidément, je ne peux pas croire que la pensée grecque (comme l'ensemble de la culture indo-européenne - à l'origine des nations allant des Balkans à l’Angleterre en passant par l’Italie et la France - bref : l'occident européen) ait eu dans le passé un quelconque respect pour la femme.
Certains penseurs, de tous temps, ont eu une vision plus humaniste et moins genrée. Mais ils furent très rares.
Nous avons sur le dos des millénaires de misogynie, et nombre des pires crimes commis contre ceux qui sont jugés "différents" (femmes, homo, trans*, étrangers, gens de couleurs etc...) l'ont été au nom de pensées et de religions qui véhiculaient ces comportements.
Il est temps de faire franchir à l'humanité un nouveau pas, temps pour une nouvelle évolution plus proche de la raison, dans le respect de tous...
Mais c'est franchement pas gagné.
ps : Ascagne, je serais curieuse donc de savoir sur quels textes tu travailles, et surtout de quelle époque (j'admets qu'il y eut de grands changement idéologiques vers la fin de la période hellénistique - que je suis loin de maîtriser).