Un temoignage de ma bisexualité
Posté : 14 mar 2021 22:42
Bonjour à tous,
J’ai lu plusieurs témoignages présents sur le forum, et ça m’a donné l’envie d’y écrire le mien. Déjà parce que je n’ai jamais eu beaucoup l’occasion d’échanger sur ma situation, mais aussi parce que je la trouve justement plutôt différente de ce que beaucoup d’entre vous décrivent sur ce forum.
Déjà, une précision sur les raisons de ma présence sur ce groupe : ce n’est que depuis peu que j’écume le web, faisant des recherches sur la bisexualité. A vrai dire uniquement depuis quelques mois, date de mon « coming out » à ma compagne. Je n’en avais pas vraiment éprouvé le besoin jusqu’à présent, et je l’ai surtout fait pour voir ce qu’allaient donner ses recherches, et l’image de moi que ça allait lui renvoyer. Le résultat m’a plutôt étonné car finalement la lecture des différents témoignages (et pas uniquement sur ce forum) ne me renvoie pas du tout l’image que je me faisais de la bisexualité en général. D’où mon envie de faire ce témoignage sur ma bisexualité :
Aussi loin que je remonte en matière de sexualité, donc l’adolescence, j’ai toujours su que mes goûts en matière de partenaires allaient au-delà des femmes. Donc une bisexualité, voire même, une pansexualité me concernant (d’ailleurs, pas évident de se définir. Et puis de toute façon, à quoi bon, l’humain a toujours eu tendance à vouloir catégoriser le vivant, à faire des boîtes avec des noms, et le vivant lui a justement tendance à jaillir de ces fameuses boîtes. C’est clairement valable pour nos orientations sexuelles…). Bref, mon « moi adolescent » n’a pas pu vivre sa bisexualité, pour la simple et bonne raison que je viens d’un milieu social (géographique plus que social d’ailleurs) où l’homosexualité masculine est très mal acceptée (le « très » est un euphémisme en fait). Ça m’a conduit à bien enfouir tout cela sous des couches de paraîtres plus ou moins efficaces (pas très efficace au début, ce qui m’a valu de subir l’homophobie pendant une bonne partie de ma scolarité). Tellement enfoui qu’au final je n’aurais pas pu envisager à cette époque d’avoir des relations avec d’autres personnes que des individus de sexe féminin.
J’ai quitté ce milieu après le lycée, pour faire mes études dans une « grande ville », « au-delà des mers », dans un environnement bien plus tolérant. J’y ai rapidement rencontré une personne, une femme, qui partage toujours ma vie actuellement, plus de dix ans après.
C’est vers la fin de mes études, et le début de mon activité professionnelle que j’ai commencé à définir clairement mon orientation sexuelle, et poser, timidement, le terme bisexuel sur ma personne. Ce qui est étonnant, c’est que je me souviens de toutes les remarques homophobes des années collège/lycée, et pourtant je suis incapable de me souvenir du moment où je me suis dit « je suis bisexuel ». Le fonctionnement du cerveau est parfois étonnant…
Bref, ma bisexualité, même nommée, je l’ai gardée pour moi, et ce jusqu’à très récemment. Je ne sais pas vraiment ce qui s’est passé (la trentaine qui approche ?), mais depuis environ un an, j’ai commencé à vouloir en parler ma compagne. Je pensais à ce moment que c’était par souci d’honnêteté. En effet, on partageait, et on partage toujours tout (loisirs, activité professionnelle, voyages, etc.), et finalement, elle ignorait complètement une bonne partie de ce qui fait mon identité. J’ai travaillé le terrain pendant un moment, parlant d’homosexualité, des problèmes que rencontrent les personnes LGBTQ, et même de pansexualité. On a quelques amis gays, donc je savais qu’elle était tolérante, mais avoir son conjoint dans cette situation, ce n’est clairement pas comparable.
Après donc presque un an de préparation, j’ai fini par lui révéler ma bisexualité au détour d’une de nos conversations nocturnes (et oui nocturnes, sinon il y a les enfants au milieu …). Elle n’était pas si surprise en fait (le tâtonnage avait fini par lui mettre la puce à l’oreille), mais a quand même été choquée par le fait que j’ai gardé ça pour moi pendant autant d’années.
Je pense qu’à la suite de ça, elle a dû faire quelques recherches, et s’est retrouvée du coup, plutôt angoissée pendant quelques temps. Étant monogames, et accordant beaucoup d’importance à l’exclusivité dans notre couple, son inquiétude portait clairement sur le fait qu’en tant que bisexuel, j’allais avoir des besoins sexuels à combler, et que je ne pourrais à un moment plus le faire avec elle. C’est ce qui ressort beaucoup des recherches qu’on peut faire sur internet au sujet de la bisexualité, à la fois au niveau des stéréotypes, mais aussi au niveau des témoignages divers qu’on trouve sur les forums, les articles, etc…
Je comprends et respecte le fait que certaines personnes bisexuelles aient ces besoins, mais beaucoup moins le fait de les généraliser comme étant une norme à l’ensemble de la communauté bisexuelle. Personnellement, je vois ma bisexualité comme étant une capacité à pouvoir choisir mes partenaires dans une gamme plus large que les autres. Plus que ça, de pouvoir se concentrer sur le rapport intellectuel et physique avec une personne, sans se retrouver bloqué par son genre. Je suis finalement tombé amoureux d’une personne, et cette personne s’est trouvée être une femme, ça aurait pu aussi être un homme, et basta. Ce manque que beaucoup décrivent, je ne l’ai jamais ressenti, en onze années de relation exclusive avec une femme. La relation que j’ai avec elle m’a toujours pleinement satisfait, autant sur le plan sentimental que sexuel. Je n’arrive pas à clairement en expliquer les raisons, ni pourquoi cela semble si différent des situations des autres personnes qu’on croise ici (un biais statistique ?).
Dans tous les cas, j’avais sous-estimé l’effet de ma révélation à ma compagne. Ça nous a énormément rapprochés, et moi je suis plus apaisé, enfin moi, au moins avec une personne. De plus, même si c’était déjà le cas avant, mais dans une moindre mesure, cette révélation nous a aussi donné davantage de libertés dans nos rapports à notre sexualité.
Bref merci d’avoir lu ce « pavé » que je n’espère pas trop indigeste .
J’ai lu plusieurs témoignages présents sur le forum, et ça m’a donné l’envie d’y écrire le mien. Déjà parce que je n’ai jamais eu beaucoup l’occasion d’échanger sur ma situation, mais aussi parce que je la trouve justement plutôt différente de ce que beaucoup d’entre vous décrivent sur ce forum.
Déjà, une précision sur les raisons de ma présence sur ce groupe : ce n’est que depuis peu que j’écume le web, faisant des recherches sur la bisexualité. A vrai dire uniquement depuis quelques mois, date de mon « coming out » à ma compagne. Je n’en avais pas vraiment éprouvé le besoin jusqu’à présent, et je l’ai surtout fait pour voir ce qu’allaient donner ses recherches, et l’image de moi que ça allait lui renvoyer. Le résultat m’a plutôt étonné car finalement la lecture des différents témoignages (et pas uniquement sur ce forum) ne me renvoie pas du tout l’image que je me faisais de la bisexualité en général. D’où mon envie de faire ce témoignage sur ma bisexualité :
Aussi loin que je remonte en matière de sexualité, donc l’adolescence, j’ai toujours su que mes goûts en matière de partenaires allaient au-delà des femmes. Donc une bisexualité, voire même, une pansexualité me concernant (d’ailleurs, pas évident de se définir. Et puis de toute façon, à quoi bon, l’humain a toujours eu tendance à vouloir catégoriser le vivant, à faire des boîtes avec des noms, et le vivant lui a justement tendance à jaillir de ces fameuses boîtes. C’est clairement valable pour nos orientations sexuelles…). Bref, mon « moi adolescent » n’a pas pu vivre sa bisexualité, pour la simple et bonne raison que je viens d’un milieu social (géographique plus que social d’ailleurs) où l’homosexualité masculine est très mal acceptée (le « très » est un euphémisme en fait). Ça m’a conduit à bien enfouir tout cela sous des couches de paraîtres plus ou moins efficaces (pas très efficace au début, ce qui m’a valu de subir l’homophobie pendant une bonne partie de ma scolarité). Tellement enfoui qu’au final je n’aurais pas pu envisager à cette époque d’avoir des relations avec d’autres personnes que des individus de sexe féminin.
J’ai quitté ce milieu après le lycée, pour faire mes études dans une « grande ville », « au-delà des mers », dans un environnement bien plus tolérant. J’y ai rapidement rencontré une personne, une femme, qui partage toujours ma vie actuellement, plus de dix ans après.
C’est vers la fin de mes études, et le début de mon activité professionnelle que j’ai commencé à définir clairement mon orientation sexuelle, et poser, timidement, le terme bisexuel sur ma personne. Ce qui est étonnant, c’est que je me souviens de toutes les remarques homophobes des années collège/lycée, et pourtant je suis incapable de me souvenir du moment où je me suis dit « je suis bisexuel ». Le fonctionnement du cerveau est parfois étonnant…
Bref, ma bisexualité, même nommée, je l’ai gardée pour moi, et ce jusqu’à très récemment. Je ne sais pas vraiment ce qui s’est passé (la trentaine qui approche ?), mais depuis environ un an, j’ai commencé à vouloir en parler ma compagne. Je pensais à ce moment que c’était par souci d’honnêteté. En effet, on partageait, et on partage toujours tout (loisirs, activité professionnelle, voyages, etc.), et finalement, elle ignorait complètement une bonne partie de ce qui fait mon identité. J’ai travaillé le terrain pendant un moment, parlant d’homosexualité, des problèmes que rencontrent les personnes LGBTQ, et même de pansexualité. On a quelques amis gays, donc je savais qu’elle était tolérante, mais avoir son conjoint dans cette situation, ce n’est clairement pas comparable.
Après donc presque un an de préparation, j’ai fini par lui révéler ma bisexualité au détour d’une de nos conversations nocturnes (et oui nocturnes, sinon il y a les enfants au milieu …). Elle n’était pas si surprise en fait (le tâtonnage avait fini par lui mettre la puce à l’oreille), mais a quand même été choquée par le fait que j’ai gardé ça pour moi pendant autant d’années.
Je pense qu’à la suite de ça, elle a dû faire quelques recherches, et s’est retrouvée du coup, plutôt angoissée pendant quelques temps. Étant monogames, et accordant beaucoup d’importance à l’exclusivité dans notre couple, son inquiétude portait clairement sur le fait qu’en tant que bisexuel, j’allais avoir des besoins sexuels à combler, et que je ne pourrais à un moment plus le faire avec elle. C’est ce qui ressort beaucoup des recherches qu’on peut faire sur internet au sujet de la bisexualité, à la fois au niveau des stéréotypes, mais aussi au niveau des témoignages divers qu’on trouve sur les forums, les articles, etc…
Je comprends et respecte le fait que certaines personnes bisexuelles aient ces besoins, mais beaucoup moins le fait de les généraliser comme étant une norme à l’ensemble de la communauté bisexuelle. Personnellement, je vois ma bisexualité comme étant une capacité à pouvoir choisir mes partenaires dans une gamme plus large que les autres. Plus que ça, de pouvoir se concentrer sur le rapport intellectuel et physique avec une personne, sans se retrouver bloqué par son genre. Je suis finalement tombé amoureux d’une personne, et cette personne s’est trouvée être une femme, ça aurait pu aussi être un homme, et basta. Ce manque que beaucoup décrivent, je ne l’ai jamais ressenti, en onze années de relation exclusive avec une femme. La relation que j’ai avec elle m’a toujours pleinement satisfait, autant sur le plan sentimental que sexuel. Je n’arrive pas à clairement en expliquer les raisons, ni pourquoi cela semble si différent des situations des autres personnes qu’on croise ici (un biais statistique ?).
Dans tous les cas, j’avais sous-estimé l’effet de ma révélation à ma compagne. Ça nous a énormément rapprochés, et moi je suis plus apaisé, enfin moi, au moins avec une personne. De plus, même si c’était déjà le cas avant, mais dans une moindre mesure, cette révélation nous a aussi donné davantage de libertés dans nos rapports à notre sexualité.
Bref merci d’avoir lu ce « pavé » que je n’espère pas trop indigeste .