Découverte et questions douloureuses

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Max2023
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Découverte et questions douloureuses

Message par Max2023 » il y a 1 an

Bonjour,

J’ai découvert ce forum récemment. Certains témoignages m’ont fait comprendre que je n’étais pas seul à vivre ce que je traverse en ce moment, ce qui m’a beaucoup soulagé, mais je souhaite malgré tout parler de mon cas personnel en espérant avoir des réponses, de l’aide ou lire d’autres témoignages. Je crois que ce forum n’est plus très fréquenté, mais je tente quand même car je n'en ai pas trouvé d'autre qui me semblait aussi accueillant.

J’ai trente ans, je vis seul mais je suis en couple avec ma copine depuis plus d’un an. Je voulais parler d’une découverte « tardive » de ce que j’appelle pour l’instant ma bicuriosité, mais à la lecture du forum, je vois que finalement, il n’y a pas vraiment d’âge pour ça.

Jusque-là, j’avais toujours été hétérosexuel, autant en pratique que dans les envies. Je pense que je n’aurais jamais dit que j’étais « 100% hétéro » si on m’avait demandé, j’ai l’impression d’avoir toujours été assez à l’écoute de ma part féminine, par exemple (l’expression n’est pas vraiment bonne, mais je pense qu’elle est compréhensible). Mais il n’empêche que depuis l’enfance et l’adolescence, j’ai été attiré par des filles autant sentimentalement que sexuellement. Maintenant, je me dis que c’est peut-être ce qui m’a poussé à devenir « hétéro par défaut », comme dit Ovidie, c’est-à-dire que, vivant dans une société qui impose de faire des choix, et particulièrement aux hommes, je ne connaissais que deux voies : hétérosexualité, homosexualité. La première me convenait, je ne me suis pas posé plus de questions.

Or, depuis quelque temps (moins d’un an, j’étais déjà en couple), j’avais commencé à ressentir un certain trouble en présence d’hommes que j’imaginais ou savais être homos, par exemple, ou lorsque le sujet de l’homosexualité était abordé par des ami.e.s. Longtemps, j’ai ignoré ou nié ce trouble, cette gêne, qui passait toute seule assez vite. Puis ma copine est partie travailler à l’étranger, et en me retrouvant seul, j’ai commencé à penser plus souvent à ce malaise, et à formuler clairement, dans ma tête, des questions. Mais je continuais à les chasser assez vite. J’ai rendu visite à ma copine, et j’appréhendais un peu mais il n’y a pas eu de problèmes particuliers : je la désirais et l’aimais toujours, on faisait l’amour comme avant, alors de nouveau, j’ai balayé les questions, même si j’ai commencé à vraiment me dire que j’avais (aussi) du désir pour des hommes, et que c’était ce désir qui m’avait troublé.

De retour chez moi, il y a deux mois, j’ai commencé à prendre des notes, et rapidement à couvrir des pages entières pour parler de ce désir, pour le décortiquer. Pendant quelques jours, au début, j’ai été persuadé d’avoir toujours été homosexuel, et de m’être menti à moi-même : j’avais beau connaître le concept de bisexualité, l’idée répandue selon laquelle « un homme qui désire un autre homme est homosexuel » était imprimée en moi. Je continue à déconstruire cette idée, mais elle est tenace.
Bien sûr, j’avais entendu parler de bisexualité, j’en avais même des exemples concrets dans mon entourage, mais uniquement chez des filles, donc pas grand-chose dans quoi je puisse me projeter complètement. J’avais aussi entendu (au moins une fois dans la bouche d’une connaissance gay, je m’en souviens très bien) que « la bisexualité n’existait pas ». Sur le coup, je m’étais dit que, cette personne étant gay, elle s’y connaissait mieux que moi, et je n’avais pas cherché à questionner cette affirmation complètement débile.
Cette idée que j’étais en fait homo et que j’avais construit ma vie sur un mensonge, à moi et aux autres, m’a vraiment terrifié : je ne comprenais pas pourquoi ça se déclarait maintenant, pourquoi pas vers quinze ou vingt ans comme mes ami.e.s, j’imaginais que ma vie allait changer radicalement etc. Je dramatisais, je ne dormais plus. Mais ce qui me dérangeait le plus, c’était que tout ça « ne collait pas » : je ne me retrouvais dans aucun témoignage d’homme homosexuel, dans ceux que j’avais entendu dans ma vie, etc.
Il y avait une dissonance dans la dissonance.
N’étant plus sûr de rien, mon désir s’est effondré, et ma copine étant toujours absente, je n’avais plus de « preuve » de l’existence de mon désir pour les femmes, j’étais dans une grande détresse. Quand mon désir pour des hommes se manifestait, il me semblait d'autant plus fort que je cherchais à le réprimer malgré moi.

Heureusement, un podcast de la RTBF sur la bisexualité, et le cas d’Alan en particulier, m’a été d’une grande aide, car je me retrouvais dans quasiment tout ce que cet homme disait. À partir de là, j’ai commencé à accepter la possibilité que, finalement, je désirais sans doute « les deux », de manières assez différentes d’ailleurs. Mais j'avais l'impression que, si je gardais ça pour moi, j'allais devenir fou. J'ai décidé de passer le cap d’en parler : d’abord à un ami ouvert d’esprit, puis à un autre. J’ai plutôt tendance à me confier à des amiEs, mais pour une fois, il me semblait plus évident de parler avec des hommes, qui m’ont confirmé ce que je pensais : des filles bi, on en connaissait plein, mais des hommes, c’était plus dur à trouver. Ils m'ont quand même tous les deux soutenu.
Ce podcast et ces discussions m’ont soulagé un peu. Déjà, j’ai compris lentement que je pouvais continuer à avoir des relations avec des femmes, à commencer par ma copine, ce qui m’a rassuré. Je me disais que si ma vie devait changer, peut-être que le changement ne serait pas trop radical. Aujourd’hui, ma copine et moi vivons de nouveau dans la même ville, et je fais tout pour ne pas avoir de certitudes sur mon orientation, et me dire qu’il faut être patient et que les réponses viendront, ou pas. Je comprends aussi que les désirs peuvent fluctuer, et j’essaye de ne pas enfouir mon désir pour des hommes quand il se manifeste.
Mais je n’aurais jamais pensé que l’expression « en questionnement » puisse cacher une expérience aussi pénible.

Je précise que, si je sais que je devrais expérimenter l’homosexualité un jour, pour en avoir le cœur net, je ne ressens aucune urgence. Je préférerais que ça arrive si je me retrouve célibataire à un moment, plutôt que de le faire en trompant ma copine (pour l’instant, nous ne sommes pas en relation libre).

Mais alors, où est le problème ? En fait, récemment ça se passe bien dans mon couple, mais beaucoup trop souvent, alors que je devrais profiter d’un bon moment, une voix dans ma tête m’en empêche. Une voix qui me dit que je me mens et que je mens aux autres, que mon désir pour les femmes est une illusion, qu’il ne peut pas cohabiter en moi avec cette autre attirance pour les hommes. Cette voix va et vient, parfois je suis serein, parfois plus du tout, et ça peut changer d’une heure à l’autre.
Et si, parfois, j’arrive à penser que je ne mens pas, le fait de ne pas l’avoir dit à ma copine est inconfortable. Je vois bien que je suis moins positif, moins joyeux qu’avant, et je sais qu’elle le voit aussi (et le reste de mon entourage aussi). Quand elle me demande, je dis que c’est le travail, je trouve des excuses, mais je pense qu'elle finira par se poser des questions.

Ce secret que je porte presque tout seul développe énormément d’anxiété et devient une obsession que je ressens physiquement, et qui m’empêche de vivre comme avant : j’y pense presque en permanence, parfois avec légèreté (je vois la bicuriosité/bisexualité comme une aventure, quelque chose de positif), mais le plus souvent avec angoisse (j’ai peur de comment ça va évoluer, j’ai des idées noires et ça m’empêche de profiter de la vie).
Je deviens nostalgique de ma vie d’avant, quand je ne me posais pas de questions, quand j’étais sûr de ce que j’étais.
Au début, je ne voulais pas en parler à un psy par peur de tomber sur quelqu’un qui se dise « voilà un homo refoulé » (je n’exclue pas complètement cette option du refoulement, mais j’ai peur de me sentir mis dans une case par quelqu’un). Depuis peu, je sais que la bisexualité est bien plus présente que ce que je pensais, et j’espère que les bons psys sont au courant. Mais je n’ai pas vraiment les moyens de me payer une thérapie, donc je commence ici.

Je n’ai pas de question précise, je crois que j’aimerais savoir quelles sont les étapes par lesquelles on peut passer avant d’accepter sa bisexualité, surtout lorsque celle-ci se développe ou se révèle à un âge où on pensait être parfaitement fixé sur son orientation sexuelle.

J’aimerais que cette obsession s’atténue et arrête de me laminer le cerveau.

Je le répète, ce n’est pas le désir ou l’envie de passer à l’acte qui m’obsède, mais la crainte et la surprise que m’inspirent ce désir.
Est-ce que cette crainte est forte parce qu’il n’y a que quelques mois que je me suis découvert ce penchant ? Faut-il en parler ? Faut-il l’expérimenter ? Faut-il voir un psy ? Est-ce qu’il existe un schéma classique qui va de la découverte à l’acceptation ? Ma copine est très tolérante et ouverte, j’ai de la chance, et je suppose qu’on va me conseiller de lui en parler. Mais avant de me lancer, j’aimerais avoir des témoignages de gens qui se reconnaitraient dans le mien, ou des conseils, ou n’importe quoi qui m’aide à me sentir moins seul.

Merci de m’avoir lu, j’espère que certain.e.s pourront m’aider à avancer.
Max

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Noctis
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Re: Découverte et questions douloureuses

Message par Noctis » il y a 1 an

Salut et bienvenue !

A voir ton message, on comprend que tu en as gros sur le cœur. Effectivement, tu n'es pas le seul à être passé par là, mais malheureusement il n'existe pas de "recette miracle" pour vivre ces évènements de manière sereine et épanouie. En effet, ça dépend de tellement de facteurs : éducation, caractère, religion, modèles qu'on a eus...

La première étape est de se dire qu'être attiré par une personne du même sexe, ce n'est pas mal, ce n'est pas une maladie, ce n'est pas grave. Je pense qu'une des principales causes de stress et d'angoisse quand on se questionne, c'est par rapport aux réactions et au regard que les autres personnes ont par rapport à l'homosexualité, qui si elle a évolué dans le temps reste marginalisée et caricaturalisée. Les clichés ont encore la vie dure et l'homophobie est encore bien présente.

La plupart des gays avec lesquels j'ai discuté m'ont affirmé qu'ils ont su très jeunes qu'ils étaient attirés par les garçons, ce qui ne semble pas être ton cas.

Une personne attirée par les deux sexes jeune ira certainement plus facilement vers des personnes du sexe opposée, et suivra le modèle traditionnel classique. Ce sont les fréquentations, les rencontres, le milieu dans lequel elle évoluera, qui pourront créer des occasions pour qu'elle puisse relationner avec une personne du même sexe. C'est donc la "norme hétérosexuelle" qui s'imposera par défaut en quelque sorte. "Hétéro par défaut" pour te citer.

Pour certains gays et certaines lesbiennes, la bisexualité n'existe pas. Pour eux, ce sont soit une transition vers l'homosexualité, soit un refoulement de leur orientation. Ça peut parfois être le cas, mais pas forcément. La bisexualité et même la pansexualité existent bel et bien.

Vous n'êtes pas depuis longtemps en couple avec ta copine. J'aurais tendance à te conseiller d'aborder la question avec elle. Ou du moins parler des orientations de manière générale dans un premier temps pour voir sa réaction, et éventuellement, lui confier tes réflexions, tes pensées, tes doutes... Si votre relation venait à durer et à évoluer vers le mariage ou avoir des enfants, avant cela ne soit aborder, je pense qu'elle est en droit de connaître tes questionnements pour se positionner et décider si elle veut continuer avec toi ou pas.

Si elle découvre ton orientation dans quelques années, elle pourrait t'en vouloir de ne pas le lui avoir dit avant.

Tu n'as pas forcément besoin d'attendre d'être célibataire pour essayer une relation intime avec un homme. Il y a les relations ouvertes/libres, il y a le libertinage ou les relations à plusieurs. On est d'accord que ça implique d'autres enjeux, mais ce sont des options possibles.

La bisexualité fluctue entre hétérosexualité et homosexualité, ce n'est pas du 50/50. Elle peut évoluer dans le temps. Etre plutôt vers l'une ou plutôt vers l'autre.

En parler, tu l'as fait avec des personnes de confiance. Faut-il le vivre, ça dépend de comment ces pensées t'obsèdent. Il faut savoir que le milieu des rencontres gays est TRES particulier.

Tu peux regarder la saison 3 de la Théorie du Y. Ca parle de bisexualité masculine.
https://www.youtube.com/playlist?list=P ... z_eLEa8KAG

Et pourquoi pas regarder cette web-série avec ta copine pour ensuite en parler ensemble ?

Quelques mots sur mon parcours personnel, je suis parti d'un jeune adulte qui regardait des pornos gays avec une certaine honte, mais avec beaucoup d'excitation, en cachette, pour arriver à un père de famille quadragénaire qui peut aimer un homme, comme une femme, et qui peut vivre sa bisexualité (relativement) ouvertement.

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Re: Découverte et questions douloureuses

Message par Auxesib » il y a 1 an

J'ai lu ton témoignage. Je pense que Noctis a mis une réponse que je peux qualifier de complète.

Je peux te dire qu'il n'y a pas de réponses universelles aux questions que tu te poses et que c'est à toi de trouver celles-ci.
Je ne dis pas que ce sera facile mais je pense que tu peux y parvenir.

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Re: Découverte et questions douloureuses

Message par Beshun74 » il y a 1 an

Salut,
Tu es début de ton cheminement dans l'acceptation de cette am"bi"valence. Parfois tu sembleras convaincu de ton identité puis parfois totalement perdu. Remise en cause de ce que tu as construit ou pas, peur de perdre qui tu es, qui tu aimes.
Je vis depuis un an ma bisexualité avec un ami, amant. Nous avons créé une amitié qui nous permet de nous voir régulièrement même avec nos épouses, nous sommes chacun marié avec 2 enfants. Lorsque j'ai pu enfin vivre cette partie de moi j'ai cru que j'allais quitter ma vie bien rangée pour lui, beaucoup de questionnements. Et puis non nous sommes heureux avec nos familles. Ensuite dois je le vivre secrètement ou le dévoiler à mon épouse. Une porte s'est ouverte pensant être enfin arrivé à destination et non une autre se présente à moi.
Rien n'est calme dans une vie de bisexuel où sentiments et sexe sont bien dissociés ou confondus selon les points de vue.
Alors oui, chacun son histoire, chacun ses choix, chacun sa vie. Tu verras rien n'est simple mais rien n'est impossible si tu es sincère avec toi même.
Sur un début de relation de couple avec ton amie, je te conseillerais de lui en parler, + simple à mon avis maintenant qu'après 20 ans de vie commune.
Bienvenu dans son monde d'incertitude mais c'est cette différence qui nous rend unique et sensible selon moi à notre conjointe. Elles n'ont généralement pas se plaindre de nos attentions, de notre fragilité, de cette sensibilité qui nous caractérise.
Bonne route à toi.

maxdu
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Re: Découverte et questions douloureuses

Message par maxdu » il y a 1 an

Max,
J´ai la trentaine aussi, de Belgique.
Ton témoignage me ramène quelques années en arrière.
Si tu es amoureux de ta copine et/ou sexuellement attiré par elle, je ne pense pas que tu sois homo maintenant.
Mais le fait de laisser aller tes désirs, fantasmes,... t´orientera aussi.

Je suis passé par ce processus de questionnement, ..."suis -je homo refoulé", "suis hétéro curieux",...? .
Regarder les fesses de mecs en rue ou les mecs en maillots moulant ou un bel homme torse nu ou encore au beau visage m´a mis sur la piste et d´un autre côté être attiré par ma femme et l´amour pour elle m´a confirmé cette orientation sexuelle.

Tu n´as aucune obligation de faire ton coming-out.

J´ai parlé assez vite à ma copine ( devenue ma femme) de mes attirances que je qualifiais de "désirs sexuels" ou "fantasmes". J´ai eu une peur incroyable, encore maintenant quand on en parle.
A la longue, avec cette souffrance, j´ai consulté une sexologue (j´ai négocié le prix au final). Cela m´a aidé.
Je retournerai probablement la voir.

Bref, c´est un long cheminement difficile mais aussi positif.
On est dur vis-à-vis de soi et la société est difficile envers les bi.
Courage et ici, nous sommes solidaire.
Si tu veux, on peut parler par e-mail.
Maxdu (homme belge)

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Re: Découverte et questions douloureuses

Message par Svfx » il y a 11 mois

Salut,
De mon point de vue, tu devrais expérimenter, ne serait ce que pour savoir si ce n'est qu'à l'état de fantasme ou vraiment une évidence.

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Joebuck
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Re: Découverte et questions douloureuses

Message par Joebuck » il y a 11 mois

Bonjour Max2023

Noctis et d'autres ont fort bien dit les choses. Chaque cheminement est unique, même si les questions que nous nous posons se regroupent plus ou moins.

Le point qui me parle le plus dans ton témoignage est la prise de conscience à un âge où l'on pensait ces questions-là réglées. Même si j'ai fait un voyage en sens inverse du tien. Pendant longtemps j'étais moi aussi persuadé que, une fois passés les questionnements de l'adolescence, on savait plus ou moins où on en était et on suivait sa vie. Les coming out tardifs n'étaient sûrement que le résultat de longs refoulements, conscients ou inconscients. J'avais bien eu une ou deux relations platoniques avec des filles avant la vingtaine. Je trouvais certaines femmes physiquement incroyables. Mais sexuellement et sentimentalement je n'avais toujours été attiré que par des hommes. J'étais donc homo et ça ne souffrait pas de question.

Puis, un peu avant la trentaine, alors que je cherchais un homme avec qui "faire un bout de chemin", mon regard vers les filles a commencé à changer. J'ai éprouvé de la curiosité, puis des attirances, voire des envies d'expériences. C'était à la fois très excitant comme nouveauté et perturbant comme dynamique. Des gens, notamment des hommes, officiellement hétéro qui réalisent qu'en fait ils aiment le coté obscur d'accord, ça parle. Même si comme tu le dis c'est beaucoup plus tabou que chez une femme. Mais alors un homo pur jus finalement tenté par les femmes, je n'avais jamais entendu ça.

Ma chance a été d'avoir un entourage particulièrement ouvert. Une de mes très proches amies était elle aussi dans un questionnement sur le sujet. Chose qu'elle vivait beaucoup plus mal que moi, qui avais déjà dû "gérer" l'acceptation de mon homosexualité. Verbaliser mes pensées auprès d'elle a été une bonne façon pour moi de commencer à intégrer la chose. Tout en lui montrant qu'elle n'était pas la seule et qu'il n'y avait rien de dramatique... Ca c'était pour la théorie.

En tout cas ces échanges en privé avec mon amie m'ont poussé à dire à l'improviste, dans une soirée entre potes, que si je rencontrais un jour une fille avec qui ça collerait, j'espérais ne pas faire la bêtise de lui tourner le dos. Cette déclaration inattendue a ouvert une conversation au terme de laquelle cette bande de potes m'a considéré comme bi. Même s'ils ne m'avaient jamais vus - ni sans doute imaginé- avec une fille. Je pense que cette première "pré-validation" m'a aidé.

Je n'ai pas trop abordé la question avec d'autres par la suite, attendant de faire l'expérience qui me permettrait d'avoir le coeur net sur mes intuitions. Je t'épargne le chapitre des riches expériences, de la persistante crise identitaire, des doutes, de la sensation d'imposture, du combat entre mon ouverture d'esprit pour la fluidité sexuelle des autres et mon étroitesse d'esprit quant à ma propre bisexualité.
Je t'épargne tout ça mais en vrai je pourrais t'en parler si ça t'intéresse.

Le fait est qu'on es tous le fruit de conditionnements qu'il faut repousser voire détruire pour se (re)découvrir soi-même. Et cette redécouverte passe par la verbalisation. Chose que tu commences à faire avec tes proches. Il va sans dire que si tu as l'intuition d'une bisexualité, il serait bon d'en parler à ta copine à terme. Idéalement, avant que vos vies ne soient mêlées plus étroitement.

J'ai été entouré d'oreilles très bienveillantes pendant les années (oui, des années) qui ont séparé ma prise de conscience de mon acceptation totale. Mais ce qui a vraiment fait la différence grâce à un travail profond et puissant, ce sont les séances de thérapie. Je ne m'y suis résolu qu'au bout de plusieurs années et mon seul regret est d'avoir attendu.

Si tu aimes ta copine, si c'est quelqu'un avec qui tu envisages très sincèrement un avenir, ça peut avoir du sens d'avoir déjà mis en place un accompagnement psy au moment où tu évoqueras le sujet avec elle. Même si ta "révélation" est bien accueillie, ça remuera forcément des choses et il y a des points qu'un.e professionnel.le d'aidera à identifier et à gérer bien plus efficacement que les meilleurs potes du monde.
Ok j'avoue qu'à mes yeux la thérapie est de toute façon le truc qu'on devrait tou.te.s tenter à un moment de sa vie :mauve: car avec ou sans questionnements on en sort tellement grandi !

En tout cas, tu as l'air déjà hyper à l'écoute de tes intuitions et d'être ouvert à des possibilités. C'est un grand avantage de départ. Il arrive qu'on en vienne à exprimer ton questionnement après des années et des années de refoulement ou de politique de l'autruche (avec le recul, je me vise moi-même en le disant). En moins d'une année tu arrives à poser les choses clairement pour toi et les autres.

Certaines personnes ont témoigné ici avoir enfoui la chose sous le tapis. Parce qu'ils.elles arrivaient à faire semblant, ou parce que ça n'étai pas le moment. Ca a été un temps, voire des années, des décennies. Puis ça a ressurgi, mettant en péril l'équilibre d'une famille voire la santé mentale du.de la principal.e concerné.
L'homme est une femme comme les autres

Max2023
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Re: Découverte et questions douloureuses

Message par Max2023 » il y a 11 mois

Bonsoir,

J'ai tapé un long message, tellement long que ma session s'est apparemment déconnectée, et tout a disparu. Je n'ai pas le courage de le retaper ce soir, mais je vous remercie énormément pour vos réponses. Je recommencerai dès que j'aurais l'énergie.

Bonne soirée

Max2023
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Re: Découverte et questions douloureuses

Message par Max2023 » il y a 11 mois

Bonsoir,

Avant d’oublier, je vais essayer de réécrire à peu près ce que j’ai écrit hier soir.

Merci encore pour vos messages, ça m’a fait beaucoup de bien de lire tout ça. Il m'a fallu du temps pour me mettre à mon ordi et répondre correctement, mais je les lisais au fur et à mesure.
Je dois dire que déjà, après mon long message désespéré, pendant quelques jours je me suis senti plus léger. Depuis, il y a des hauts et des bas, mais j’ai l’impression d’avancer. Constater que ce que je traverse est arrivé ou arrive à des gens rend cette expérience moins difficile, même si je continue à me dire que j’étais bien tranquille avant !

Noctis, merci pour ta réponse très complète. J’avais lu tes témoignages sur d’autres fils de discussion et je trouvais ton parcours très encourageant, tu as l’air d’avoir trouvé un équilibre, peut-être parfois fragile mais que beaucoup continuent à chercher. Même si la plupart parlent d’un cheminement qui dure des années, ça me donne au moins un horizon possible. Merci aussi pour le conseil série ! J’en avais entendu parler, mais je ne l’ai pas encore regardée.

Je pense que je vais en effet en parler à ma copine, je ne sais pas encore quand. J’ai aussi décidé de commencer à voir un·e psy, peut-être que je commencerai avant d'oser lui en parler, je verrai. Je ne veux pas essayer d'aller trop vite non plus. Et pour le moment, j’ai décidé de ne pas en parler à plus de personnes, hormis ici, tant que c’est à l’état de questions, par crainte que les gens veuillent y répondre à ma place, justement. Et pour l’expérience, je ne ressens toujours pas l’urgence d’essayer, donc ça continuera à attendre.

Max, tu as donc décidé de ne pas tenter l’expérience, au moins pour l’instant si j’ai bien compris ? Comment tu le vis ? En quoi la sexologue t’a aidé ? (Tu peux répondre par message, si tu veux.) Merci pour ton message en tout cas, ça rassure de savoir qu'on n'est pas seul.

Et enfin Joebuck, ton témoignage m’a passionné. Je dis que j’ai du mal à me retrouver dans des expériences similaires féminines, mais je n’avais pas pensé à cette troisième possibilité. J’aurais eu tendance à penser qu’en comparaison d’une prise de conscience très jeune de ton homosexualité, la découverte plus tardive de ta bisexualité serait facile. Encore une idée reçue… En fait, le passage sur tes expériences et ta crise identitaire m’intéresse aussi beaucoup, n’hésite pas à en dire plus si l’envie te prend ! (edit : j'ai lu ta présentation d'il y a deux ans, j'imagine qu'il y a l'essentiel, et très bien raconté !)
Merci pour tes encouragements, je dois dire que moi-même je suis étonné de m’être confronté au problème aussi vite. Mais je crois qu’une fois qu’on a commencé à soulever le tapis (pour moi, c’est passé par l’écriture), impossible de revenir en arrière. Si je n'en parlais pas à quelqu'un, je me sentais vraiment devenir fou avec une boite de Pandore ouverte dans la tête 24h/24. C’est pour ça que j’ai vite choisi de m’ouvrir à deux amis.
Je suis en bonne voie pour aller voir un·e psy. Je ne sais pas si ça se transformera en longue thérapie, mais tu m’as convaincu. Je ne veux pas me précipiter, mais déjà, je me sens prêt à en parler et je n’ai plus cette peur d’être mis dans la case "homo refoulé" (si c’est le cas, je trouverai quelqu’un plus ouvert).

Il manque peut-être encore des choses par rapport à hier, mais ça me reviendra. Merci encore d'avoir pris le temps de me répondre, c'est très précieux. Bonne soirée

AntoineH
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Re: Découverte et questions douloureuses

Message par AntoineH » il y a 11 mois

Je me reconnecte après presque un an d'absence.
En effet tu n'es pas seul.
C'est pas pour autant que c'est plus simple.
Et tu es parti pour un sacré moments de montagnes russes qui te fera sentir aussi vivant que déprimé.
Essayé c'est avancer mais ça ne garantit pas une vision plus claire.
En parler à ta copine c'est avancer mais ça ne garantit rien non plus.
Quels que soient tes choix, tu feras les bons en étant à l'écoute de ton plaisir (je ne parle pas que de cul).

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Joebuck
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Re: Découverte et questions douloureuses

Message par Joebuck » il y a 11 mois

Max2023 a écrit :
il y a 11 mois

Et enfin Joebuck, En fait, le passage sur tes expériences et ta crise identitaire m’intéresse aussi beaucoup, n’hésite pas à en dire plus si l’envie te prend ! (edit : j'ai lu ta présentation d'il y a deux ans, j'imagine qu'il y a l'essentiel, et très bien raconté !)

Je suis en bonne voie pour aller voir un·e psy. Je ne sais pas si ça se transformera en longue thérapie, mais tu m’as convaincu.
Ah, ravi d’un peu contribuer à pousser quelqu’un vers la porte d’un.e thérapeute :cheesy: , alors que la campagne très active que je mène auprès de toustes mes proches ne porte pas l’ombre d’un fruit hahaha.

En allant lire mes pavés d’il y a deux ans, tu as effectivement trouvé un exemple des montagnes russes par lesquelles on peut passer. J’ai relu mon texte moi aussi, pour mesurer le chemin parcouru en deux ans. Evidemment j’ai encore bougé mentalement. Beaucoup, même. Mais que pour du mieux car plus serein, plus vivant, plus libre, plus épanoui. Et j’espère plus agréable à fréquenter - ok, je ne suis pas le mieux placé pour en parler. En tout cas aucun regret sur le choix de la pilule rouge au lieu de la bleue :cheesy:

Nous sommes plusieurs à te parler de turbulences et d’années de montages russes. Il y a aussi des gens qui cheminent hyper vite. J’en ai rencontré dans la vraie vie. Je retiens surtout qu’à l’arrivée chacun.e sa solution : sortir définitivement du cadre pour en recréer un nouveau, ou demeurer dans un bonheur tranquille avec la conscience d’une petite particularité sans conséquence, ou l’un des 180 degrés de possibilités intermédiaires.

Ça pourrait swinguer un peu sur la route mais il y a de bonnes chances pour que ça finisse bien zen.
L'homme est une femme comme les autres

maxdu
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Re: Découverte et questions douloureuses

Message par maxdu » il y a 9 mois

" Max, tu as donc décidé de ne pas tenter l’expérience, au moins pour l’instant si j’ai bien compris ? Comment tu le vis ? En quoi la sexologue t’a aidé ? (Tu peux répondre par message, si tu veux.) Merci pour ton message en tout cas, ça rassure de savoir qu'on n'est pas seul. "


Je viens seulement de voir les messages depuis 2 mois. Max2023, Je ne parviens pas à t´envoyer un message.

Tout d´abord personnellement, très vite, la peur au ventre certe mais j´ai franchis le pas d´en parler avec ma copine qui est devenue mon épouse... .
Je ne pouvais pas supporter de lui cacher quoi que ce soit. Sur ce sujet, on peut en parler si tu veux. Mais c´est propre à chaque personne.

Pour essayer de répondre à tes questions:
-j´aimerais tenter l´expérience mais diverses choses me freinent (peurS de ne plus être regardé de la même manière par ma femme surtout, peur de choper une mst/ist, et trouver le mec qui me plait physiquement et mentalement).

-la sexologue m´a aidé à y voir plus clair et à m´accepter plus même si je n´ai pas encore fait tout ce qu´elle m´a conseillé de faire. On est allé ensemble ma femme et moi à un rdv, cela m´a rassuré d´entendre ce que ma femme a pu dire.

Je le vis plus ou moins bien mais le désir de passer à l´acte prend par moment énormément de place. Depuis que je suis allé aux divers rdv chez la sexologue, j´ose plus regarder les mecs sans culpabiliser de l´attirance,...
Sur un site de rencontre qui a fermé depuis lors, j´ai discuté avec des mecs bi comme des mecs gay et ça rassure aussi par rapport au fait qu´on est pas unec gay refoulé mais chacun une forme de bisexualité.
On peut en reparler aussi si tu veux.

Courage dans ton cheminement, ce n´est pas simple mais c´est notre vie. L'avantage, on est plus ouvert d´esprit je pense.
Ca fait du bien d´avoir ce forum et de ne pas être seul chacun.e de notre côté. Dans la communauté LGBTQIA+;)
Maxdu (homme belge)

Bonsoirbonsoir
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Re: Découverte et questions douloureuses

Message par Bonsoirbonsoir » il y a 8 mois

Bonjour Max

Mais c'est super ce que tu vis!

Dans les réponses reçues tu trouveras sagesse, conseil et bienveillance.

Je voulais juste signaler une chose qui m'est apparue lors de mon propre éveil.

Je suis d'accord avec ton écervelé ami gay qui prétendait que la bisexualité n'existe pas. Longtemps je lui aurais rétorqué des arguments massues parce que j'étais agacés par les préjugés des homos et des héteros à propos d'une chose qu'ils ne peuvent pas vraiment comprendre.
Pourtant je suis aujourd'hui d'accord avec lui ( et tout ceux qui surs d'eux partagent ce bon gros bon sens) je crois en effet que seules l'hétérosexualité ( majoritaire, en ligne avec la doxa) et l'homosexualité ( minoritaire mais bon marketing, en ligne avec la doxa aussi) sont en effet de émanation d'une couche humaine initiale dont le choix d'une pratique plutôt qu'une autre n'a pas eu lieu et peut-être pas lieu d'être.

Je crois aujourd'hui que pour ma part et pour toute une série de personnes discrètes ce choix est un renoncement absurde, une simple facilité comme une autre. Il n'y a aucun mérite à être quoi que ce soit. Il y a par contre du mérite à faire des choses belles ou bonnes et ça n'a aucun rapport avec la sexualité la plupart du temps. Tirer vertu d'une chose qu'on ne choisi pas est aussi absurde que discriminer quelqu'un pour ses origines, qu'y peut-il?

Alors peut-être que dans ce sens la bisexualité n'existe pas, elle préexiste, elle persiste et c'est très bien ainsi.
Aujourd'hui je me sens d'une chose qui n'existe pas ou si peu. Ça me convient, ça m'évite de faire de la politique quand je fait l'amour.
La bisexualité n'existe pas plus que l'humanité, la vie et la mort.

maxdu
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Re: Découverte et questions douloureuses

Message par maxdu » il y a 8 mois

Bonsoirbonsoir a écrit :
il y a 8 mois
Bonjour Max

Mais c'est super ce que tu vis!

Dans les réponses reçues tu trouveras sagesse, conseil et bienveillance.

Je voulais juste signaler une chose qui m'est apparue lors de mon propre éveil.

Je suis d'accord avec ton écervelé ami gay qui prétendait que la bisexualité n'existe pas.
Ha ce n´est pas un gay qui a dit cela mais des lectures et vidéos Youtube qui expriment les préjugés à notre égard.

Justement, j´ai ai parlé la semaine dernière à un ami gay qui comprends très bien mon mal être pourtant lui a réussi à facilement accepter son homosexualité.
Merci pour ta réponse complète !!
Maxdu (homme belge)

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