Ma bisexualité

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jobi75
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Ma bisexualité

Message par jobi75 » il y a 1 mois

Tout d’abord, je tiens à vous remercier toutes et tous pour vos récits que j’ai pu suivre ces dernières années.



J’ai l’envie depuis peu, d’écrire mon histoire afin que vous puissiez réagir et être de bon conseil mais également car j’ai l’impression que cela va me faire le plus grand bien.

Je me considère aujourd’hui à 30 ans comme bisexuel mais ce n’est pas si simple que ça, évidemment.

Petit retour dans le passé; j’ai vécu une enfance assez ordinaire malgré des soucis de santé à la naissance et j’ai vécu mes premiers émois amoureux assez jeune en pensant aux filles. 
Fait important, j’ai également été victime d’attouchements sexuels à l’age de 11 ans par un jeune de 17 ans. C’est resté soft mais cela m’a particulièrement déstabilisé plus tard lors de mes périodes de mal-être.



Vers le début de l’adolescence, j’ai connu mon premier crush. Je m’en souviens encore comme si c’était une odeur. Cette fille, personne ne l’aimait sauf moi. Elle était devenu obsessionnelle pour moi mais malheureusement ce n’était pas réciproque. Après quelques bisous c’est le grand drame: « je ne t’aime pas ».
J’ai également de petites amourettes de vacances qui me font rêver et fantasmer sentimentalement.

Des sentiments amoureux fort comme celui-ci (qui vous prennent aux tripes et vous font pleurer toutes les larmes de votre corps en cas de doute), il y en a eu 3 jusqu’à l’âge adulte dont une relation en terminale que j’avais énormément idéalisé et qui s’est mal terminée.

J’avais perdu ma virginité avec une fille à 15 ans et d’autres ensuite mais c’était bien avec M au lycée que j’ai découvert le sexe et l’amour réunis.


Au même moment, je continuais de regarder intensivement du porno. J’avais d’ailleurs depuis tout jeune un fantasme (c’était même mon premier) d’avoir une relation sexuelle avec une femme plus âgée (« plus femme ») avec des rondeurs (mommy issue, c’est fort probable).
Je fantasmais également depuis toute jeune sur mes enseignantes et je gardais secret pour moi car cela n’était pas dans les standards de la cour de récré.
C’est avec le plus grand naturel que j’ai continué d’explorer et d’arriver sur la fameuse catégorie « gay ». Je profitais pleinement sans ne rien remettre en question même si j’avais une culpabilité avec l’acte (même chose pour les femmes un peu mâtures).
Evidemment, je n’en ai parlé à personne et j’ai gardé cela pour moi tout en le vivant très bien.

Entré en école supérieur, mon mal-être a commencé. Je n’avais pas vraiment choisi cette voie et après une nouvelle séparation (une histoire guère sympathique où elle préfère retourner avec son ex), une petite voix dans ma tête me dit « et si tu étais gay ? ». L’horreur, moi « grand hétéro », ça ne pouvait pas m’arriver.

L’anxiété augmente alors sans cesse car je refuse d’y croire, de l'accepter et une certaine homophobie/bi-phobie intériorisée apparaît. Des années passent où je suis mal et je me dis que ça va aller mieux, que j’aimerais énormément redevenir celui que j’étais, amoureux et heureux avec des femmes.

J’ai des relations sexuelles avec des femmes parfois très bien, d’autres moins mais je n’ai plus ce sentiment amoureux. J’ai l’impression de l’avoir perdu.
Je rencontre ensuite une femme sur un site de rencontre avec laquelle nous restons ensemble 2 ans. Le sexe est bien mais je ne l’aime pas et je pense toujours au fond de moi à ce fantasme avec les hommes. J’ai l’impression de vivre caché et j’en souffre énormément.
Je pars travailler à l’étranger pendant 1 an (sur une île) et elle doit également me rejoindre. Je suis d’accord évidemment. On se dit au revoir à l’aéroport avec la promesse que nous nous retrouverons vite. Ca n’a pas tardé, dans l’avion, je rencontre ma voisine de siège colombienne et on fricote légèrement ensemble en se caressant. Une culpabilité mais également une renaissance, je me sens libre.
Arrivé à bon port, je me sens seul et j’ai peur d’être sans ma copine. Mais au bout de quelques jours, je rencontre un écosystème d’expatriés de mon âge (24 ans) et j’ai des relations sexuelles qui me font vibrer avec des femmes. C’est également plaisant de se sentir désiré et de choisir ses envies. Je croque la vie à pleine dent et je retrouve ce sentiment de bien-être qui m'avait quitté après mes années lycée.

C’est décidé, je ne souhaite pas que ma copine me rejoigne. Je lui dit que je l’ai trompé. Nous nous sommes quittés et je sais que cela l’a énormément fait souffrir. Je n’ai réalisé et culpabilisé que quelques années plus tard quand on a refait un point ensemble.
Je profite à l’étranger en tant « qu’hétéro » et j’ai l’impression que ma bisexualité n’a jamais existé ». Je me sens libre et si bien.
De retour à Paris, je reprends une année d’étude dans un milieu qui m’attire tout particulièrement et je rencontre des personnes qui sont devenus mes amis. Je sors également beaucoup et je consomme de la drogue. J’ai l’impression de devoir brûler la vie à tout prix pour en profiter.

Et c’est là que je rencontre E. dans une soirée parisienne, une femme incroyable, profonde et ouvertement bisexuelle. J’ai un coup de coeur énorme mais elle a un copain. Au bout de quelques mois, elle le quitte et nous commençons notre relation.
C’est magique, j’ai l’impression de rencontrer une personne qui me ressemble réellement même si elle est à la fois si différente et plus ouverte d’esprit. Le sexe est passionnelle et cela fait un bien fou.
Au même moment, je commence un travail dans une boite « traditionnelle » et ça ne me plait pas plus que ça et ma relation avec ma manageuse est mauvaise.
Au bout d’un an, je vrille. C’est important de souligner que l’élément déclencheur est le film « 120 battements par minute » relatant les années sida en France dans la communauté homosexuelle. Tout ce que j’avais enfoui revient encore plus fort et j’ai l’impression d’être lié à ces personnages. Je ne dors pas pendant 2 semaines et je remets en cause mon orientation sexuelle mais également mon genre. Rien ne va plus, et j’aimerais que tout cela se termine. J’ai des envies de suicide et j’en parle à deux amis proches qui m’emmènent à l’hôpital psychiatrique.
J’y reste 3 semaines pour me reposer et faire le point. E. est au courant et me soutien. Je lui dis que je suis Gay, elle me dit que non mais surement bi et j’ai l’impression de devoir trouver une réponse qui n’existe pas. Ce séjour m’a fait le plus grand bien et j’ai rencontré des gens formidables à qui j’ai pu parler.

Je sors de l’hôpital et suis suivi psychologiquement. Je me sens mieux mais fragile, je vais devoir explorer mais comment faire en couple ? Nous décidons avec E. de pouvoir inverser les rôles et trouvons le matériel nécessaire à cette activité. Un plaisir nouveau et intense, et une nouvelle découverte qui ne revient pas bouleversé nos habitudes précédentes. E. part en Italie pour ses études et le confinement commence. Mes angoisses reviennent et cette-fois ci, nous nous quittons mais restons toujours proches à ce jour (je vais voir une de ses expo ce soir au moment où j’écris ces lignes avec ma compagne actuelle).

J’ai changé de travail et maintenant, je décide d’explorer les rencontres avec des hommes sans aucune expérience à ce jour. Je rencontre 2 hommes très sympathiques avec lesquels nous passons de bons moments. Je me suis dit que c'était sympa mais que j’en ai fait » tout un plat » finalement.
Une soirée arrosée et je couche avec ma meilleure amie (c’était géniale mais pas forcément la meilleure idée que j’ai eu sur le coup).
Je décide de revoir des femmes dont une avec qui le sexe me plait énormément et quelques mois après, je rencontre celle qui sera ma future pacsée M. , un petit crush mais nous ne sommes pas compatibles sexuellement. Elle sait que je suis bi mais on met tous les deux cela de côté. On décide quand même de se mettre ensemble et nous vivons de très beaux moments pendant 2 ans mais également de violentes disputes. Une crise refait son apparition et je lui dit: « je suis gay ». Ca y est, on est reparti…



On se sépare dans les larmes, rompons notre contrat et je me morfonds pendant plusieurs semaines. Je décide d’aller voir un homme pour assouvir mes pulsions mais une fois là-bas, je n’ai plus envie. 

Seul, je me sens mieux et épanoui et j’ai finalement très envie d’avoir une relation sexuelle avec une femme. J’ai un plan d’un soir, également un plan régulier où nous sommes connectés sexuellement et là je rencontre A. c’était il y a un an. 


Le choc ! ses yeux sont magnifiques, ses cheveux, la manière dont elle s’exprime et dont elle m’écoute. Je suis très honnête avec elle et les choses se passent si facilement. 
Le crush a été quasi immédiat et le soir nous dormions ensemble.

Très vite, j’ai besoin de la revoir, de lui parler, de la sentir. C’est cette fameuse odeur dont je parlais au début qui revient. Je vis, oui tout simplement, je vis. A est indépendante et préfère prendre son temps mais nous nous voyons régulièrement et les sentiments sont forts, nos relations sexuelles sont intenses et délicieuses.

Elle me parle souvent de ma bisexualité, me demandant comment je la vis au quotidien et ce dont j’ai besoin.
Nous discutons énormément et nous passons un contrat qui me permet d’avoir des relations avec des hommes si ce n’est pas suivi et que je l’en informe.
Vous me direz, mais où est le problème ? J’en profite par deux fois mais je vis toujours mal le fait d’avoir ces relations et j’ai peur de perdre mon hétérosexualité parfois. J’ai du mal à trouver mon rythme, ma norme. Je l’aime et j’ai l’impression d’avoir rencontré la personne qui me correspond; qui m’aime comme je suis. 


J’ai récemment été licencié économiquement même si j’ai de beaux projets pro mais je ne me sens pas bien et actuellement, je me repose énormément de questions.

J’ai fait mon coming-out bi depuis quelques années et mes amis, mes collègues, ma famille sont au courants. La nouvelle a très bien été accueilli dans l’ensemble mais j’ai toujours l’impression que c’est de mon côté qu’il y une problématique au niveau de l’acceptation.

J’aime A et je ne veux pas reproduire le même schéma. On continue de discuter et on a même convenu dans un futur proche ou plus lointain de rencontrer d’autres couples afin de partager nos envies. Elle me dit également de temps en temps qu’elle fantasme sur le fait de m’imaginer avec des hommes. J’ai énormément de chance, j’en suis conscient mais je continue de me chercher et peut-être que la conjoncture actuelle (pro/perso) ne m’aide pas.

Je vais partir 1 mois au Japon, pays que j’ai énormément envie de découvrir et cela me permettra de prendre du temps pour moi, de m’écouter.

Désolé pour ce récit assez long mais j’en ressentais le besoin. J’ai toujours l’impression parfois de devoir choisir et cela me ronge. Peur d’aimer un genre plus que l’autre. Comment puis-je m'accepter et vivre librement en étant heureux et en prenant soin de la personne que j'aime ?

J’ai hâte de pouvoir échanger avec vous je vous remercie d’avance pour votre lecture et votre temps.

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Joebuck
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Re: Ma bisexualité

Message par Joebuck » il y a 1 mois

Salut Jobi,

J'ai l'impression que tu as une analyse plutôt claire de ta situation à ce jour. Si je résume ce que j'ai compris de ton discours (qui est aussi ce que j'en tire après lecture), tu as :
- une orientation bi consciente
- une activité sexuelle et amoureuse majoritairement hétéro
- un possible fond d'homobiphobie intériorisée qui te laisse intranquille dans l'acceptation de la pluralité de tes désirs (alala la société...). L'homobiphobie contre soi-même, c'est parfois le travail de toute une vie.

C'est super que tes compagnes et ton entourage soient soutenant.e.s. Si tes copines te soutiennent c'est probablement parce que tu leur inspires confiance par ta franchise et ta clairvoyance sur la situation. Ce qui se conçoit aisément s'énonce clairement et se comprend facilement :-)
Je note que tes rapports avec les hommes sont très occasionnels, dans un relatif anonymat et manifestement pas le fruit du hasard. Avec les femmes par contre, les rencontres semblent se faire de façon fluide, dans des contextes sociaux traditionnels.
Est-ce parce que cela te convient très bien ainsi (une "pulsion" assouvie entre mecs et hop on repart VS grands élans du coeur avec les femmes) ? Ou alors il ne t'apparait pas acceptable d'avoir une forme de relation suivie et complice (sans parler de couple) avec un homme ?
L'homme est une femme comme les autres

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